La première fois que Mia et Sebastian se rencontrent, c’est quand Mia adresse un beau doigt d’honneur à Sebastian en plein cœur des embouteillages d’Hollywood. La deuxième fois, c’est pour que Mia se moque publiquement de Sebastian. Qui aurait cru que c’était le début d’une grande histoire d’amour ? Une histoire d’amour qui subira des hauts et des bas, dans la vie mouvementée de la cité des étoiles…
Après le très réussi Whiplash, Damien Chazelle signe encore un puissant hommage au jazz, à travers cette comédie musicale qui tente de ressusciter un genre malheureusement en voie de disparition, mais aussi de manière plus générale au cinéma, Chazelle s’offrant de nombreuses allusions, du Danseur du dessus à Wall-e (si, si !), en passant par Casablanca, La Fureur de vivre ou encore Chantons sous la pluie.
Si l’incroyable plan-séquence qui ouvre le film semble annoncer une comédie exubérante dans la droite lignée de l’âge d’or hollywoodien mais ancré directement dans le XXIe siècle, La La Land se fait plus discret par la suite. En effet, les numéros musicaux sont plus intimistes, et il faudra attendre l’éblouissant épilogue pour retrouver l’exubérance qu’on aurait aimé voir davantage dans le film.
On ne s’ennuie heureusement pas pour autant, tout d’abord grâce à la mise en scène aussi élégante qu’inventive de Chazelle, bénéficiant notamment d’une extraordinaire maîtrise de la couleur, mais aussi grâce à la musique exceptionnelle de Justin Hurwitz ou au couple Gosling/Stone, à l’alchimie si parfaite que ce n’est pas sans frissons qu’on pense que c’est originellement le couple Emma Watson/Miles Teller qui aurait dû porter le film sur ses épaules…
Il est également particulièrement appréciable de constater que Chazelle, une fois n’est pas coutume, nous offre une leçon intelligente par une fin inattendue, privilégiant la raison au romantisme, en nous montrant bien
qu’il faut parfois choisir entre la promesse d’une vie heureuse et l’accomplissement de nos rêves, l’un et l’autre n’étant pas forcément conciliables.
Une leçon qu’il fait passer avec une réelle dureté et une forte amertume, heureusement compensée par un épilogue époustouflant, qui renvoie directement à la séquence onirique de Broadway, dans Chantons sous la pluie (mais en moins long !), et lors duquel on a tout le temps de se remplir les yeux d’étoiles. Des étoiles qui restent en tête longtemps après la fin du film…