Tendre est la nuit
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La nuit, la notte en italien, doit être comprise comme métaphore d'une crise ontologique (voir le désert rouge avec lequel les points communs sont nombreux) qui se manifeste après l'appréhension de la mort, du vide existentiel, de l'ennui poisseux de la vie, de l'impossibilité de l'amour, de la crise du couple, de l'incommunicabilité, de l'épreuve de la solitude.
Le jeu, la fête, l'alcool, les femmes, la danse, la musique, mais aussi l'art, la littérature, … ne sont que tromperie, artifice et frivolité, «divertissement» comme disait Pascal, c'est-à-dire 'action de détourner de' littéralement, puis de se détourner de l'essentiel, enfin le fait de regarder ailleurs. ("Divertissement. Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n’y point penser (Les Pensées, Laf. 133) ). Or, comme l'éprouve Lydia lors de sa promenade solitaire, on n'échappe jamais à sa condition, le monde extérieur lui renvoyant toujours à ces maux que citaient Pascal. Si bien qu'elle devient la plus courageuse de tous en décidant de regarder la mort en face, de la toucher, d'accepter de souffrir l'ennui, l'absence d'amour, la solitude alors que tous les autres se dandinent comme des fous, des aveugles, des lâches.
Moins recherché plastiquement que Le désert rouge ou L'avventura, La Notte offre néanmoins quelques images somptueuses, quelques pertinentes focales courtes, des hors-champs significatifs, bien que la mise en scène ne s'élève pas à la hauteur d'autres de ses chefs d’œuvres. Par ailleurs, la thématique du vide existentiel matérialisé par un désert narratif ne favorise pas l'adhésion du public qui se sent emprisonné dans le spleen des personnages comme dans l'aridité des sentiments.
6,5/10
Créée
le 23 août 2018
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