Entre comédie et drame social
Le carton de présentation du film met en vedette Cary Grant et Jean Arthur, alors que dans The talk of the town, c'est un trio qui mène la danse et Ronald Colman ne peut être laissé de côté.
Cette comédie de Georges Stevens fait penser aux films de Frank Capra. C'est un film patriotique, sur les États-Unis et sur leur loi. Les américains sont un peuple libre et c'est ce que veut scander le film aux spectateurs. Un homme de loi rigide, change par amour et par amitié. L'un des principaux intérêt du film, c'est justement l'introduction de l'amitié. Ce ne sont pas seulement d'éventuels sentiments amoureux envers Nora Shelley (Jean Arthur) qui font changer Michael Lightcap, mais aussi l'amitié qui l'unit à Leopold Dilg (Cary Grant). Ce dernier lui fait voir qu'il y a une autre loi, autre que celle des livres, qui peut avoir droit au chapitre. Une loi plus humaine.
Le film est un jeu entre ses deux hommes et ce qui les oppose, Jean Arthur faisait office d'arbitre et de touche sensuelle. C'est une actrice brillante et très particulière. Son timbre de voix peut sembler agaçant mais c'est aussi ce qui fait son charme. Elle est pétillante, sensible et forte à la fois.
The talk of the town est un film assez classique et un peu long. On sent que Georges Stevens nous titille avec ces revirements de situation à répétition. Il veut que le suspense soit intenable, même si chacun sait que le film est destiné à bien se terminer. On ne tue pas Cary Grant ! Mais le réalisateur est habile. On apprécie sa gestion de l'espace, ses mouvements de caméra aussi bien que les répliques qui s'envoient les trois acteurs.
L'handicap du film est peut-être de ne pas être une pure comédie car il y a le "drame" juridique qui persiste en toile de fond. Ce n'est pas une comédie aussi légère tel qu'on pouvait en voir dans les années 40. Georges Stevens n'est pas aussi à l'aise dans ce genre que ne pouvait l'être Frank Capra. On retrouve des échos de Mr Smith goes to Washington dans The talk of the town, mais la puissance dramatique de James Stewart est ici remplacée par le talent comique de Cary Grant. Du coup The talk of the town est un peu entre deux genres. Ce n'est pas une comédie féroce comme on le voudrait et ce n'est pas un drame humain aussi touchait qu'on pourrait l'espérer.