Ménage à trois !
Ouaip. Bon, ça n'est sans doute pas l'axe principal pour voir ce film, mais tout de même... Cary Grant et Ronald Colman se balancent des compliments sans cesse, à tel point que la pauvre Jean Arthur tient souvent la chandelle.
Un scénario plutôt correct, sujet à la Capra : un homme accusé injustement d'avoir mis le feu à l'usine où il travaillait (Cary Grant) se réfugie par hasard dans le grenier de la maison d'un professeur de droit pressenti pour la Cour Suprême (Ronald Colman). Il se fait passer pour le jardinier. La propriétaire de la maison (Jean Arthur) le protège et joue le jeu, se faisant secrétaire et cuisinière pour veiller au grain. Ensemble, ils vont essayer d'intéresser le froid intellectuel bougon au cas bien réel du fugitif que toute la police recherche. En quelques jours de cohabitation, les deux hommes tombent sous le charme l'un de l'autre. Comme dans un scénario romantique, Colman ne découvre l'identité de son "ami" que lorsqu'il est épris. Il n'a plus d'autre choix que de se confronter à l'esprit de la justice pour le défendre, mettant de côté la lettre.
La mise en scène est pataude, se contentant d'un entre deux mi-drame social sur la justice, mi-comédie romantique, sans franchement embrasser pleinement l'un ou l'autre. Mais parfois ça passe, et ce qui est attachant c'est le respect du film pour ses personnages. Toute la légèreté et la vivacité viennent de Jean Arthur, victime récalcitrante des politesses des deux hommes qui veulent chacun s'effacer pour l'autre, et qui a quelques jolies répliques : "Where did he go without his beard ?" Cary est très moyen mais Colman impeccable.
En plus on y joue au jeu du Beaver comme dans Lewis et Irène et on y mange du "borcht" (qu'ils ne savent pas prononcer).