---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au quatrième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Beauty_of_the_Beast/1620017#page-1/
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --
Ça y est. Le vrai film de loup-garou est né. Ce petit quelque chose, cette once de vérité, ce bout de vrai qui manquait aux autres est là. J'ai retrouvé la jeune louve que j'ai été dans ce film, incapable d'admettre la cruelle réalité, cherchant des remèdes partout où il n'y en a pas, incontrôlable, souhaitant mourir, puis s'accomplissant dans cette nouvelle forme. La où je reprochais à Universal Monsters de ne pas avoir trop fouiné dans les légendes et d'avoir préféré plaquer des modèles vampiriques déjà éprouvés sur leurs camarades à poils, la Hammer a fait tout l'inverse. Très à cheval sur les différentes légendes qui composent le mythe, le film se perd presque dans toutes les variantes de la légendes. La lycanthropie ne s'acquiert (enfin) plus par morsure, idée stupide recyclée de nos amis aux dents pointues, et le transformé mange (au moins partiellement) ses victimes, comme le lui dicte son instinct de prédateur. Par peur de fâcher telle ou telle version de la légende, la Hammer s'applique à mettre dans le film une grande partie des raisons de naître lycanthrope : issu d'une liaison illégitime, un parent lycanthrope, naissance un jour saint, et j'en oublie certainement d'autre. Car voici l'unique défaut du film : il veut en raconter trop. On est noyé sous l'information. En tant qu'unique film de loup-garou de la licence, Fisher aura voulu mettre absolument tout ce qu'il avait à en dire, et c'est parfois un peu trop. C'est un détail. Autre détail qui m'aura frustré, mais surtout parce que j'ai eu le même problème à chaque film depuis le début du mois : le loup-garou est moche. Moins ridicule que dans l'éponyme Universal Monsters, et plus réaliste que dans *Le Monstre de Londres*, mais moche tout de même. On progresse, mais trop lentement à mon goût. C'est un détail encore, et même ma moitié louve ne s'en sera pas trop offusquée, tout occupée qu'elle était à réveiller son instinct maternel sur ce louveteau orphelin, aimé mais seul au final. Pour le reste tout est parfait : l'image très granuleuse propre aux films Hammer, avec ses couleurs un peu trop vives et ses contours un peu trop précis, est toujours un délice à retrouver. Les costumes et les décors sont beaux et crédibles, les personnages sonnent justes. J'ai déjà un peu parlé du scénario, mais son coté biopic, partant d'abord du père, pour atterrir sur l'enfance puis la vie de jeune adulte de son fils orphelin, jusqu'à sa tragique fin, donnent la sensation d'un film dense, complet et passionnant. Le film peut prendre bien des qualificatifs : horrifique sur sa fin peut-être, il est plus oppressant et creepy sur son introduction, et bascule même du coté du mélodrame social sur son milieu. Tout fonctionne, pas un raté dans cet étrange enchaînement.
Je joue un peu à l'ascenseur émotionnel en ce moment, mais ce film m'a remonté le moral. Mon projet commence à devenir intéressant pour mon enquête. Pour l'instant je n'apprend rien, mais je peux au moins confirmer que que ces films sont fiables. C'est encourageant. Mais c'est émotionnellement surtout, que ce film agit comme un baume. Voir la tragique destinée de ce pauvre petit loup m'a fendu le cœur. Combien de nos frères sont morts de cette manière, haï par les humains et ignorés par leurs frères ? Combien de loups solitaires, sans meute ? Moi. Wulver. Lycaon peut-être, s'il vit encore. Si seulement nous pouvions être réunis. Quelle meute nous serions ! Je dois les retrouver. Ils doivent me retrouver. Mais pour faire parler de moi, il me faut une meute. Je retourne sur le site d'hier, voir si mon message a été reçu.