On comprend que ça puisse gêner, faire d'un salopard, un personnage qu'on n'arrive pas à trouver antipathique était une gageure, mais cela permet à l'humour noir qui domine ce film de fonctionner à fond. Bien sûr, tout (ou presque) est prévisible, mais c'est très bien fait avec un sens aigu du détail. L'aspect théâtral est clairement assumé (notamment par la vue en coupe de sa cellule à la fin du film). L'interprétation est magistrale, la bande son exceptionnelle (on y entend notamment le "Samson et Dalila" de Camille Saint Saëns), les dialogues savoureux (signés François Sagan). Le contexte politique n'est pas oublié : dans le film où l'on voit Georges Mandel (Jean-Pierre Melville) conseiller à Clemenceau (Raymond Queneau) de monter l'affaire en épingle afin de créer une diversion à la situation économique de l'immédiat après-guerre. Parler d'élégance à propos de ce film paraît osé tant le sujet est scabreux, mais quel autre qualificatif employer ?