La loi du plus fort a encore frappé et les Américains, plutôt que de doubler et de distribuer des films étrangers, les refont à leur sauce, faisant croire à leurs spectateurs natifs que le film est un tant soit peu original. Le Cercle n'est pas le premier et ne sera pas le dernier par ailleurs. Remake inévitable du Ring de Hideo Nakata, le long-métrage s'avère être certes dépourvu d'originalité mais peut toutefois se tarir d'être un film d'horreur en soi réussi, travaillé et plus intéressant que les copiés-collés sans âme qui suivront le pas.
Pourtant scénarisé par Ehren Kruger (Scream 3) et réalisé par le touche-à-tout Gore Verbinski (La Souris, Le Mexicain), deux choix pas vraiment rassurants, le long-métrage n'arrive clairement pas à égaler son prédécesseur, sobre mais angoissant, mais en propose une alternative transformant clairement l'ambiance oppressante instaurée par Nakata en un film d'horreur calibré. On oscille donc entre décalque pure et simple et ré-adaptation à la sauce ricaine, le long-métrage se démarquant de son modèle non seulement à travers une réalisation une mise en scène plus léchée forcément tape-à-l’œil (effets spéciaux onéreux et séquences plus sanglantes à l'appui) et une photographie censément plus froide à base d'abus de filtre bleu mais aussi dans son scénario délaissant quelque peu les thématiques psychiques présents dans les films et romans japonais pour lorgner vers le thriller inquiétant.
Autres nouveautés : des séquences rajoutées (dont une à l'hôpital psychiatrique tirée du deuxième film japonais), bien entendu plus d'apparitions fantomatiques et de "scènes-choc" ainsi qu'un changement notable sur les origines de la fameuse VHS et un attardement conséquent sur les difficultés familiales. Un choix relativement intéressant qui prouve dans son absolu un réel soin apporté à l'adaptation, qu'elle soit de bon goût ou pas. On pourra au final souligner les efforts de Verbinski de proposer un long-métrage esthétiquement soigné, relativement bien interprété (notamment par Naomi Watts, révélée l'année précédente avec Mulholland Drive, qui crève une fois de plus l'écran) et dont l'atmosphère lugubre témoigne d'un savoir-faire indéniable, cassant agréablement avec les derniers slashers en vogue pour renouveler le genre horrifique américain du début des années 2000.