The stuff that dreams are made of


Considéré comme l'une des pierres angulaires du film noir, Le Faucon Maltais, adaptation du roman de Dashiell Hammett, est aussi le premier film de John Huston après avoir oeuvré comme scénariste dans les années 1930.


Pour une première oeuvre, le cinéaste américain, futur metteur en scène de Quand la Ville Dort, frappe assez fort et propose l'archétype du film noir qui servira de modèle pour l'un des genres majeurs d'Hollywood dans les années qui vont suivre. Déjà adapté deux fois, sans grand succès, c'est un risque qu'il prend. Se déroulant régulièrement dans de minuscules chambres d'hôtel et des bureaux, Le Faucon Maltais nous fait suivre le détective privé Sam Spade, qui va se lancer aux trousses du meurtrier de son associé.


Le film est particulièrement bien écrit, notamment pour les personnages, forts et ambiguës, les dialogues, longs et intrigants, et les rebondissements, alors que John Huston parvient à rendre son oeuvre passionnante, ainsi que bien construite et ficelée, n'oubliant aucun détail et chacun aura son importance tout en apportant une vraie richesse au film. L'ambiance est vraiment sombre, parfois même envoûtante alors que Huston maintient un suspense total sur les enjeux et personnage et joue avec brio avec le spectateur.


Le futur metteur en scène du Trésor de la Sierra Madre dévoile déjà un véritable savoir-faire, notamment dans la façon de décrire les personnages et garder une ambiguïté et un intérêt sur chacun, mais aussi dans la façon d'inclure une véritable tension dans les moments-clés. Il raconte brillamment son histoire tout en brouillant les pistes, il étudie finement les relations entre les personnages ainsi que leur évolution respective, Huston montrant déjà tout son talent derrière la caméra sans jamais devenir lourd ou ennuyant, bien au contraire même.


Une enquête passionnante, des personnages troubles et inquiétants, des femmes fatales... Huston réussit un véritable coup de maître, n'hésitant pas à faire de ce film les prémices de son cinéma, à l'image d'un ton désespéré où l'illusion n'est guère présente. Cynique et avec des personnages parfois jubilatoires, Le Faucon Maltais bénéficie aussi d'une très classieuse et jolie photographie en noir et blanc, participant à la réussite de l'atmosphère.


L'oeuvre se montre aussi brillante par la direction d'acteurs. Jusque-là cantonné à des seconds rôles ou presque (La Grande Evasion de Walsh faisant exception) et notamment de gangsters, Humphrey Bogart voit le rôle du détective changer sa carrière et façonner ses futurs personnages. Il démontre un immense charisme, se montrant impressionnant à chaque plan et proposant déjà le portrait typique de ce genre de personnages, que ce soit dans l'inoubliable tenue ou dans les gestes. Les autres comédiens sont remarquables et lui rendent bien la réplique, à l'image de Mary Astor et Peter Lorre.


Première immense oeuvre de John Huston, ce dernier démontre déjà tout son talent et savoir-faire avec Le Faucon Maltais, proposant l'archétype du film noir ainsi qu'une ambiance sombre, ambiguë et désespérée, emmené par un immense Humphrey Bogart.

Créée

le 2 mai 2017

Critique lue 1.4K fois

41 j'aime

8 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

41
8

D'autres avis sur Le Faucon maltais

Le Faucon maltais
Sergent_Pepper
7

Knight and the city

“You gotta convince me that you know what this is all about, that you aren't just fiddling around hoping it'll all... come out right in the end!” En une phrase et avant un chapelet de répliques...

le 12 sept. 2018

42 j'aime

6

Le Faucon maltais
Docteur_Jivago
9

Noir Désir

The stuff that dreams are made of Considéré comme l'une des pierres angulaires du film noir, Le Faucon Maltais, adaptation du roman de Dashiell Hammett, est aussi le premier film de John Huston après...

le 2 mai 2017

41 j'aime

8

Le Faucon maltais
mistigri
7

L'oiseau de mauvais augure.

Ca faisait depuis mon enfance que je rêvais de voir Le Faucon Maltais. L'opportunité s'offrant à moi, je bondis, étant sûre de voir un gros chef d'œuvre. Et là, petite déception. Bien que l'ensemble...

le 28 nov. 2010

37 j'aime

18

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

172 j'aime

35

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

164 j'aime

47

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

152 j'aime

34