Dire que Valhalla Rising soit une oeuvre singulière, est un doux euphémisme. La contemplation du film est proche du recueillement, comme une sorte pèlerinage métaphysique et symbolique qui s'enfonce de minutes en minutes dans des ténèbres barbares. One Eye, n'est qu'une sorte de guerrier prisonnier d'un chef de clan, ne servant qu'à faire des combats d'une bestialité sans limite. Mais avec l'aide d'une enfant, il va pouvoir s'échapper et commencer un voyage initiatique. Valhalla Rising n'est fait que de paradoxe comme cette lenteur contrastant avec les fulgurances sanglantes de ces hommes à la violence primitive. Valhalla Rising est une oeuvre silencieuse comme son nom l'indique. Seuls les bruits des épées éviscérant les hommes, seuls les cris hantés de ces hommes patibulaires arrivent jusqu'à nos oreilles. L'écriture des personnages est sibylline, ces Vikings sont seulement des êtres faits de chair et de sang, des âmes perdus bientôt rattrapées par la mort et la vengeance. Refn scrute les moindres détails de leurs visages presque défigurés par la haine qui les ronge. Refn expérimente et travaille son image jusqu'au moindre détail malgré quelques tics visuels pas d'une grande subtilité comme cette couleur rouge vive qui happe l'image avec parcimonie.
La nature n'a jamais été aussi foudroyante de solitude avec ces plans larges de paysages montagneux vides de toute humanité. Le réalisateur filme ces hommes habités par la folie, marchant vers des Terres inconnus et une sorte de nouvel Amérique. Proche de l'expérience sensorielle, Valhalla Rising est une oeuvre mutique sentant la mort à chaque plan, à chaque regard porté par le magnétisme de son acteur principal Mads Mikkelsen, déjà acteur pour Refn dans la série des Pusher. Malgré sa courte durée, ce long métrage se laisse lentement regarder, permettant de nous immerger de tout un tas de sensations naturelles et sensorielles comme ce vent frappant les hautes herbes, cette brume sourde, ou cette boue salissante. Outre son symbolisme et ses questionnements, c'est surtout cette ambiance caverneuse qui donne tout son sens au guerrier silencieux pour nous plonger dans le chaos le plus viscéral. Refn signe là un film pas des plus accessibles mais fascinant par les émotions spectrales qu'il dégage.