Beaucoup trop de choses à dire sur ce volet, beaucoup trop de choses accumulées depuis ces trois années, depuis que le viol d'une oeuvre mythique de littérature a commencé.

Beaucoup trop de choses que j'ai pardonnées comme la plupart des gens en disant "les gars, je suis certain que quand on regardera les trois films à la suite ça donnera une histoire super chouette".

Va te faire foutre Peter, tu nous à fait tellement de promesses: en vantant le respect de l’œuvre originale, en vantant le fait que ta bouse soit cadrée avec une red one, en vantant le fait que ce serait une révolution cinématographique parce que diffusée en 48 images par secondes, etc.

Par où commencer pour expliquer que ce film ne répond à aucune des attentes ? Peut être par ses qualités, parce que le film commence très bien, avec un combat épique contre Smaug: une esthétique superbe, une 3D bien utilisée et un Cumberbatch au top de sa forme. Une exposition qui tient la route, le décor est bien planté avec un Thorïn rongé par le Mal du Dragon puis... Comment dire ? Peter Jackson décide de littéralement chier sur Tolkien et tout le reste en nous servant une scène de combat entre les Nazguls et Galadriel épaulée par Elrond et Sarumane qui se pointent façon caméo Expandables. Tout ce petit monde se fout sur la gueule avec un max de skill, le tout enveloppé dans une photographie à la Mortal Kombat II. Ça envoie du fantôme façon « Casper Le Film », des méchants qui respawn à la Call of Duty et des punchlines de combat dignes d’une bonne vieille cinématique Tekken. Va te faire foutre Peter.

Là où ça en devient tristement désolant c'est quand il se met à chier sur son propre travail: ce fumier massacre complètement la bataille qui nous a été vendue, par lui même, comme le climax de la trilogie.

La mise en place est pourtant parfaite: les cinq armées sont bien distinctes et l'exposition de la bataille est claire, ça s'annonce grandiose, épique, majestueux ! La bataille débute alors et Jackson commence par servir du rêve par paquets de douze: Des phalanges de Nains complètement cocaïnées, des elfes disciplinés et gracieux, des hordes d'orcs qui chargent comme des gros porcs, ça commence à se bastonner à l'ancienne et puis là !

Comment dire encore ? Ce gros fils de pute se met à partir dans tous les sens, à entrecouper la bataille de scènes toutes plus inutiles les unes que les autres et à toujours revenir dans la bataille de telle manière que le spectateur soit toujours perdu: qui est où ? Qui fait quoi ? Qui combat qui ?

Après tout, on s'en bat les couilles, t'as raison Peter, c'est plus intéressant de nous donner à voir tes superbes faux raccords, c'est plus intelligent de rajouter ton histoire de Thorïn qui se soigne tout seul du Mal du Dragon alors que c'est censé être une putain de malédiction de ouf; tout ça juste par le pouvoir magique d'un clip show sur une musique triste qui lui rappelle le pouvoir de l'amitié.

C'est tellement cool ton délire de nains qui chargent à 4 contre cent à dos de chèvre pour soudainement être surpris par de la brume qui apparait comme par enchantement.

Un retournement de situation aussi surprenant que l’arrivée du prince dans Cendrillon.

Et surtout, c'est génial de nous servir ta soupe mélodramatique de mes couilles plutôt que de nous donner ce que tu nous avait promis.

Parce qu’une fois la bataille expédiée manu militari, commence le bal du pathos: Et même la musique pourtant si classe et épique soit elle ne réussira pas à rendre le tout touchant. Parce que tous les rouages censés déclencher l’empathie et l’émotion à partir de ce moment là du film, sont tous plus grossiers et attendus les uns que les autres.

Jackson nous sort la palette complète des clichés: Le père de Légolas qui fait le coup à Tauriel de "ton histoire avec le nain c'est qu'une amourette, tu connais rien à l'amour moi je sais ce que c'est l'amour alors va bien te faire enculer p'tite pute" alors qu'en vrai il est juste vener parce qu'elle veut pas faire bisou bisou avec son fils.

Légolas qui joue les fils à papa en se rebiffant contre papounet; lequel papounet nous gratifiera d'un magnifique "Ta mère t'aimait mon fils"

Azog qui se fait enfin buter par Thorïn mais en fait non il est pas mort et il ressurgit de plus belle et en profite pour tuer Thorïn avant de se faire buter pour de bon cette fois par ce dernier dans un dernier élan dramatique;

Thorïn qui meurt dans les bras de Bilbon en nous gratifiant d'un gros "si les gens s’intéressaient plus à leur foyer qu'à l'or le monde serait plus joyeux" (c'est la phrase exacte j'invente pas).

Tout ça relève de l'écriture du soap opera, ça n'a rien à voir avec les adaptations d'il y a dix ans qui étaient, certes imparfaites, mais qui avaient le mérite d’avoir été écrites avec un peu de considération pour le matériau de base.

Si je reste persuadé que Tolkien aurait certainement désapprouvé les adaptations du LOTR parce qu’il était incapable de tolérer la moindre interprétation de son oeuvre, je pense que son coeur aurait littéralement explosé en voyant ce film.

Ce métrage est mauvais, mal écrit, mal monté, mal réalisé tout simplement, donc va bien te faire foutre Peter.

Je ne peux même pas parler de Bilbon puisqu'il est tout bonnement absent dans ce film, il ne sert absolument à rien:

Premièrement il tente d'arranger les choses entre les nains et les elfes en mettant en place une stratégie et résultat: ça foire.

Deuxièmement, il tente d'aller secourir Thorïn, Fili, Kili et Dwalin (il me semble que c'est Dwalin, à vérifier) d'une attaque imminente pour qu'ils se replient et ne meurent pas et résultat: trois sur quatre se font buter.

Le pauvre Bilbon n'a aucune incidence sur rien du tout, et ce, dans son propre film: Ni sur la mort du dragon, ni sur le rétablissement de Thorïn, ni sur les combats en général puisque ce sont les autres personnages qui se sauvent mutuellement.

Sur ce dernier point d'ailleurs, par pas moins de cinq fois, Jackson nous fait le coup du sauvetage in extremis du personnage en difficulté extrême, sur le point de se faire tuer: Vas y que Tauriel sauve Kili, vas y que Kili sauve Tauriel, vas y que Legolas sauve Tauriel, vas y que Legolas sauve Thorin, etc. (idée de jeu à boire).

Bilbon lui, est perdu au millieu de tout ça, on a quasiment l'impression qu'il se fait chier comme un rat mort, ne sachant pas où aller, ni avec qui, tout ça alors que sa putain de tronche de hobbit est sur toutes les affiches. Ce Touque n'a vraiment aucune incidence sur aucune des intrigues (je sais que Bilbon n'est pas un Touque c’est juste pour la référence).

Je pourrais encore développer beaucoup d'éléments qui m'ont laissé un gout amer à la sortie du film comme le coup de l'orc increvable contre Légolas, l'effet Téléfilm que donne la diffusion en 48 images par secondes, les zooms dégueulasses, les gueules des Trolls, etc.

Mais je pense avoir assez craché sur ce film qui sera pour moi la déception de l'année. Une vraie déception parce que comme beaucoup j'en attendait énormément et je n'ai rien eu.

En conclusion, n'allez pas voir ce film, allez le voir, je m'en fout, il fallait juste que ça sorte. Moi je m'en retourne d'où je viens, dans mon trou de Hobbit, je m'en retourne dans ma trilogie à moi, celle d´il y a dix ans et je laisserai volontiers celle-ci aux bambins d’aujourd’hui, pauvre d'eux, quels chanceux nous fîmes. Je m'en retourne m’empiffrer de lambas et de pintes du Poney Fringant. Après tout, j'oublierai tout cela bien vite comme tout le monde et je ne garderai en tête que le vertige que j'ai eu quand j'ai vu la Moria pour la première fois, la peur ressentie en voyant Minas Morgul et le roi Sorcier d'Angmar, ou en écoutant Saroumane narrer ses vils desseins du haut de la tour d'Orthanc face à Gandalf. Et puis le frisson en voyant apparaître les aigles sur le flanc embrasé de la Montagne du Destin, secourant un Frodon enfin libéré; ces aigles mon dieu qui, à l'époque, savaient faire une entrée en scène. Et puis la ferveur des rohirims chargeant face à dix mile lances orcs au son des cornes du Rohan qui répondent au nom d’Eorlingas; le chagrin cruel de se sentir impuissant durant le dernier combat de Boromir luttant à mort juste pour donner une chance à deux semi-hommes de pouvoir s'enfuir. Et puis la splendeur terrifiante du Balrog ou des Oliphants; la douceur de la Lorien et les présents de Galadriel ou le gout des fraises à la crème, vous vous souvenez du gout des fraises à la crème ? Et puis la verve d'Aragorn, l'angoisse de Fangorn, la bêtise de Merry, la force de Gimli, la beauté de Lothlorien, la candeur d'Arwen, Endorena Utulien.

Galhadrim
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le 11 déc. 2014

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