Cette fantaisie co-écrite notamment par Francis Veber a marquées plusieurs générations grâce à ses abondantes diffusions sur la petite lucarne pendant une vingtaine d’années. Quarante après (1973), ce cartoon reste une pure récréation, servie par la mise en scène de Philippe de Broca, soucieuse d’élever haut la farce et l’euphorie, comme de pénétrer l’intimité de ses personnages (en gardant un certain recul pour préserver la légèreté). Avec Jean-Paul Belmondo dans le rôle-titre, Le Magnifique est à la fois une parodie des James Bond, un conte sentimental ; et peut-être même, une comédie sociale (avec son exploiteur libertaire).
François Merlin (Belmondo) a un quotidien solitaire et malheureux, mais il l’ignore grâce à son occupation d’auteur. Avec les aventures de Bob Saint-Clar, espion aux missions périlleuses au Mexique, ce personnage lunaire se taille un monde où tout lui appartient, où tout peut être commis en totale impunité, sans jamais régler de compte ni se confronter à la réalité ; sans jamais être restreint dans ses passions – que d’ailleurs il traite avec une fausse nonchalance. Et où, bien sûr, il se venge de ceux qui lui cause du tort IRL (son éditeur, ses ouvriers défaillants, son »garagiste ») ou les rend collaborateurs de ses fantasmes. C’est bientôt le cas pour Christine (Jacqueline Bisset), étudiante en sociologie attirées par ses romans pour rédiger sa thèse. Mais François se retrouve en compétition avec son personnage !
Comédie fantasque avec accents franchouillards, Le Magnifique a des défauts (les »contrastes » un peu lourds ; ou l’accent pris par Belmondo pour souligner »l’ironie ») mais ce sont tous des corollaires de ses grandes qualités. Au cœur de celles-ci, toujours le même moteur : l’exubérance (tout est prétexte à feu-d’artifice), la sensibilité (on partage le quotidien et la situation parfois pathétique d’un homme) et l’imagination (la clé de tout). Le film déroule le jeu de son inspiration : ses pannes d’imagination et ses doutes ; les retours brutaux et intrusions du réel (la venue de son fils!). Ce Magnifique décalé et optimiste surprend favorablement. C’est l’OSS 117 de l’époque, troquant la méchanceté pour la complaisance et l’éloge du rêve, le commentaire trollesque pour l’authenticité. Chaque minute réserve son lot de cabotinage heureux, de gags et d’effusions bouillantes. Belmondo a été l’adversaire d’Alain Delon dans les seventies, il aurait pu être celui de Pierre Richard !
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