Eric Caracava signe ici une première œuvre sobre et étonnante. Il donne à son film un rythme à la fois lent, mais soutenu, ponctué par une musique sourde et angoissante. Très vite nous avons l’impression de courir vers le drame, hors c’est l’inverse, il est derrière nous.
Là est la genèse, et c’est tout simplement amené avec beaucoup de maîtrise et de sensibilité. L’histoire de Thomas qui revient sur les lieux de vie de son frère mais aussi de son enfance s’infiltre en nous et nous séduit. Avant de tourner la page, il sera confronté une dernière fois à cet un univers triste, glauque emprunt d’une nostalgie sombre. Il est de passage dans cette petite ville comme dans la vie et rencontrera sur son chemin d’autres personnes comme lui.
Il y a d'abord Jeanne (enthousiasmante Julie Depardieu) qui semble avoir mis sa vie entre parenthèses, puis le jeune Lucas (extraordinaire Vincent Rottiers) qui n’attend que le déclic pour enfin s’assumer et partir et Suzanne (fiévreuse Nathalie Richard) qui semble rêver d’une autre vie, moins brisée…
Tout participe à cet élan de morosité où remords et scrupules sont les maîtres mots : le décor de cette petite station balnéaire fantôme, les prises de vues granuleuses, les non dits… Et la fin vient nous rassurer. Juste pour nous dire qu’enfin l’oubli est proche et qu’une nouvelle vie va naître. Un film très attachant.