Depuis la mort de sa femme, Justin Playfair (George C. Scott) se prend pour Sherlock Holmes, pistant un Moriarty imaginaire à travers New York. Lorsqu’il rencontre une psychiatre (Joanne Woodward) qui veut s’occuper de son cas, il refuse tout net. Mais quand il apprend qu’elle se nomme Mildred Watson, tout change. Aurait-il trouvé enfin trouvé son propre docteur Watson ?


Si Terry Gilliam avait voulu réaliser un film de Frank Capra, et que Graham Greene avait écrit le scénario, on peut se plaire à penser que c’est Le Rivage oublié qui serait sorti de leur imagination. Ce film allie en effet la poésie burlesque de l’un avec l’euphorie de l’autre et avec le ton caustique et légèrement décousu du troisième.
Film étrange entre tous, Le Rivage oublié a malheureusement subi le sort de ses personnages, tombé dans les tréfonds de l'oubli et de l'indifférence. Pourtant, le duo savoureux composé par George C. Scott et Joanne Woodward, tous deux au sommet de leur art, vaut à lui seul le détour. Si Anthony Harvey semble avoir du mal à donner du relief à ses personnages, c’est loin d’être le cas de ces deux acteurs, qui parviennent, non seulement, à faire exister leurs personnages, mais aussi à les rendre attachants, ce qui n’était pourtant pas gagné… Si le scénario extrêmement décousu fait qu’on n’y comprend à peu près rien, ce n’est vraiment pas l’important, Anthony Harvey préférant se concentrer sur la relation ténue qui se noue entre deux êtres qui n’ont en commun que leur fragilité et leur banalité à laquelle ils cherchent à donner du relief en la camouflant derrière une excentricité apparente, et il réussit parfaitement à nous faire partager sa tendresse envers ces personnes qu’on pourrait simplement qualifier de différentes.
L’onirisme baroque qui se dégage de cette petite perle achève de nous entraîner sur les ailes du rêve, et de la folie. Certes, le film aurait pu bénéficier d’une meilleure mise en scène, certes, le scénario aurait pu être tout de même plus explicatif, mais Le Rivage oublié parvient à exister malgré ses quelques défauts et même à nous faire rêver. Finalement, c’est tout ce qu’on lui demande.

Tonto
7

Créée

le 16 avr. 2016

Critique lue 496 fois

5 j'aime

Tonto

Écrit par

Critique lue 496 fois

5

D'autres avis sur Le Rivage oublié

Le Rivage oublié
Tonto
7

Eloge de la folie

Depuis la mort de sa femme, Justin Playfair (George C. Scott) se prend pour Sherlock Holmes, pistant un Moriarty imaginaire à travers New York. Lorsqu’il rencontre une psychiatre (Joanne Woodward)...

le 16 avr. 2016

5 j'aime

Le Rivage oublié
greenwich
5

Le rivage oublié (1971)

Titre prémonitoire, ce film est quasiment tombé dans les oubliettes ... Il possède cependant quelques qualités et il n'est pas inintéressant. Le film se déroule à New York. Justin a perdu la raison à...

le 7 déc. 2014

3 j'aime

Le Rivage oublié
Professeur-Rico
6

Folie à deux

Un film étrange et attachant où dans le New York des années 70, on suit un brillant schizophrène persuadé d'être Sherlock Holmes se lançant à la poursuite de son Moriarty accompagnée de sa thérapeute...

le 8 mars 2024

Du même critique

Solo - A Star Wars Story
Tonto
8

Mémoires d'un Han

Dans les méandres de la planète Corellia, où la population a été asservie aux ordres de l’Aube écarlate, organisation au service de l’Empire, un jeune homme, Han (Alden Ehrenreich) tente de s’évader...

le 24 mai 2018

79 j'aime

32

Hostiles
Tonto
9

La fantastique chevauchée

1892, Nouveau-Mexique. Vétéran respecté de l’armée américaine, le capitaine Joseph Blocker (Christian Bale) se voit donner l’ordre de raccompagner le chef cheyenne Yellow Hawk (Wes Studi), en train...

le 20 mars 2018

78 j'aime

15