Le baron de Munchhausen était un officier allemand, mercenaire pour le compte de l’armée russe. Au retour de la guerre, il confie ses extraordinaires aventures à Raspe. Ses chimères marquent la littérature du siècle des Lumières et l’imaginaire populaire ; elles sont reprises déclinées par plusieurs auteurs. Ce héros extravagant donne finalement son nom à la psychiatrie, qui le syndrome de Munchausen, pathologie d’histrions cherchant l’attention en simulant des symptômes plus ou moins spectaculaires d’une maladie pré-existante.
Un mythe sur-mesure pour Terry Gilliam : il en propose sa version trois ans après le triomphe de Brazil. Le cinéaste britannique issu des Monthy Python se permet un déluge d’excentricités et de flamboyances. Il fait du Baron une espèce de papy délirant, charmeur et téméraire, perpétuellement exalté sans toutefois verser dans la niaiserie (il peut se montrer très cynique). Les éléments de la culture classique ou encyclopédique sont restitués et pénétrés par l’imagination. Le spectateur est embarqué dans les multiples univers visités par Munchausen, ajustés au gré de ses fantaisies. Ses inventions l’emportent sur toute contingence ; et oui les enfants, appliquer le Kamu Satra consiste bien à chatouiller les pieds de la baronne, si c’est ce que l’inspiration et la folie du Baron ordonnent.
Terry Gilliam s’épanche et crée avec son image une foule d’images saisissantes. Il y a plus de variété dans les motifs que pour Brazil et si des connexions évidentes demeurent, le style graphique et les manières de Gilliam sont poussés très loin. Le revers de cette entreprise gargantuesque et légère, ce sont les côtés limites, brouillons, de l’écriture. Le capharnaüm général sera d’ailleurs difficile à avaler pour le public et ces Aventures sont le premier échec commercial de Gilliam. Elles marquent le début de la défiance des producteurs à son égard et d’une série de difficultés connues dans la conception, les tournages de Gilliam étant aussi bordéliques et pittoresques que ses idées.
Toutefois la fuite en avant et la fabrique à aventures est trop vigoureuse pour laisser cette faiblesse entraver le spectacle. Au pire, elle empêche peut-être le film de décoller vers les cymes, au mieux, elle lui évite de casser ses délires par un ancrage trop cartésien. Ces Aventures du Baron de Munchausen font de Gilliam un nouveau Cocteau (La Belle et la Bête), car il propose comme lui de larguer les amarres pour s’en allez dans le merveilleux pur, quand bien même on serait adulte. Gilliam est évidemment beaucoup plus agité et superficiel que Cocteau, mais ses traits d’esprits sont omniprésents, au travers des dialogues (écrits avec son camarade Charles McKeown) ou de l’ironie générale. Ce film est probablement aussi génial à voir enfant que L’Histoire sans fin.
Autres films de Terry Gilliam :
http://www.senscritique.com/film/L_Armee_des_12_singes/critique/25760573
http://www.senscritique.com/film/Zero_Theorem/critique/30583180
https://zogarok.wordpress.com/2015/02/11/les-aventures-du-baron-de-munchausen-gilliam/