Dernier rendez-vous estival d’importance, pour ma part. Même si ma « hype » était moins vive que d’autres, notamment à cause du fait que j’avais vu le premier Indestructibles il y a longtemps sans en garder un grand souvenir, cette sortie était un petit phénomène à elle-seule. Car il aura fallu être patients pour, enfin, voir cette suite portée sur grand écran.
Quatorze ans ont passé depuis que le premier film est sorti, et, dès le début des Indestructibles 2, on remarque que ces 14 ans se sont transformés en… Quelques secondes à peine. En reprenant exactement là où le premier film s’était achevé, ce second opus fait fuir le temps hors des frontières du film pour, d’emblée, créer l’harmonie nécessaire à la création de lien entre les deux films. Le spectateur retrouve aussitôt ses repères et reprend comme si rien ne s’était passé. Un bon point qui permet donc de rester dans un cadre familier, idéal pour cette suite, qui ne consiste pas en une redite ou en une surenchère, mais plus à une sorte de miroir du premier film.
Alors que Monsieur Indestructible était le protagoniste du premier opus, partant dans sa quête personnelle visant à prouver sa valeur et à sauver le monde, cette fois, c’est bien Elastigirl qui prend les commandes et qui part en mission, pendant que Papa s’occupe des enfants. L’idée d’inverser les rôles permet à la fois d’améliorer le développement de personnages moins largement traités dans le premier film, mais aussi d’actualiser le discours, en mettant une femme au premier plan, afin de casser les clichés et jouer avec eux tout au long du film. En effet, bien que le lieu et l’époque où se déroule Les Indestructibles soient imaginaires, un parallèle semble s’installer avec nos sixties, une époque où, en caricaturant un peu (quoique), la place de l’homme était au travail et celle de la femme à la maison. Un schéma avec lequel le film n’a de cesse de plaisanter et qu’il taquine, en reléguant le super-héros invincible et à la force surhumaine au rôle de père de famille débordé et dépassé par la situation. Un choix judicieux donc, suivant l’évolution des mœurs et créant un équilibre avec le premier film.
Mais Les Indestructibles 2, c’est aussi un nouveau coup d’éclat de la part de Brad Bird. Celui qui avait été laissé sur un injuste échec commercial avec A la poursuite de demain retrouve la famille qui a contribué, en partie, à son succès et à sa renommée, dans un long-métrage d’animation pétillant, explosif, amusant, drôle et généreux. Toujours à la baguette tant à l’écriture du scénario que dans la réalisation du film, le cinéaste n’a aucun soucis à cumuler les casquettes et mener son projet à la réussite. L’esprit d’équipe, le soutien mutuel, la quête vers quelque chose de meilleur, des thématiques chères à Brad Bird, se retrouvent une nouvelle fois dans Les Indestructibles 2. Tous les éléments parviennent parfaitement à communiquer entre eux, suivant une intrigue certes classique, aux twists prévisibles, mais au scénario rondement mené, créant de l’enjeu, des liens et des antagonismes qui donnent de la consistance au film.
Si j’avais pu trouver Les Indestructibles sympathique, ce second opus m’a plus qu’agréablement surpris. Intrigué sans être réellement en émoi concernant cette nouvelle sortie, j’ai finalement vécu un excellent moment devant un film qui m’a beaucoup enthousiasmé et emporté. Tout y est réussi, tant dans la réactualisation de la « saga », qu’il s’agisse du discours ou des aspects plus graphiques, que dans l’écriture et le scénario. L’animation se prête parfaitement au style d’écriture de Brad Bird, qui est ici sur son terrain de jeu, et il parvient à transmettre cette envie et ces émotions au spectateur. On sent qu’il met de sa personne dans ses films, et quand l’artiste arrive à communiquer avec le spectateur via ses œuvres, c’est qu’il a trouvé un public récepteur, qu’il a réussi son travail.
Les Indestructibles 2 est donc une belle réussite, un divertissement efficace, écrit et réalisé avec intelligence. Brad Bird parvient une nouvelle fois à surprendre et à faire preuve de sincérité, ce qui n’est pas toujours chose aisée quand les moyens et les enjeux sont importants. Bonne pioche pour Pixar, qui frappe encore fort.