Chronique d'une saga enlisée et d'un opus détesté

A peine est-il sorti, que je vois déjà un nombre incalculable de critiques assassines venir accabler Alien : Covenant. Après le très contesté Prometheus, Ridley Scott se serait-il encore fourvoyé ? Comment redresser la barre après un désaveu généralisé d’une communauté impatiente de revoir le légendaire monstre au cinéma ? Alien : Covenant venait avec la promesse de remettre les Xénomorphes au premier plan, mais on dirait que l’ « effet Prometheus » n’est pas encore dissipé. Rien de tel qu’une avant-première pour découvrir au plus vite les secrets du film et de mieux comprendre son retentissement.


Après Prometheus, la saga Alien est entrée dans un nouveau cycle, visant à expliquer l’énigme de la création et de l’apparition des Xénomorphes. Alien : Covenant est donc sa suite directe, qu’il est difficile voire impossible de dissocier de son prédécesseur, tant sur le fond que sur la forme, et sur ses intentions. Dans Prometheus, les spectateurs attendaient des réponses à des questions mais surtout un retour aux sources. Ridley Scott a préféré réaliser un film très ambitieux, ne se contentant pas de se concentrer sur les Xénomoprhes mais balayant un spectre de sujets plus vaste, allant de l’origine de la vie, à son avenir le plus fantasmé. Ouvrant de nombreuses boîtes, explorant diverses pistes sans jamais aller jusqu’au bout ni donner de réponses claires, Scott a largement divergé du propos d’origine, donnant lieu à des incohérences et laissant les spectateurs avec une multitude de questions sans réponses à la sortie du film.


Ce large sentiment de frustration semble avoir eu son importance dans la genèse d’Alien : Covenant. Dans ce film, tout semble manifester l’intention d’un retour aux sources, tout en réduisant au maximum le nombre de problématiques traitées, à l’inverse de son prédécesseur. On retrouve à nouveau un équipage en mission dans l’espace, et la découverte d’une planète, le tout rappelant évidemment au souvenir d’Alien : Le Huitième Passager (1979), sans compter le rôle féminin de Daniels fort faisant écho à celui d’Ellen Ripley. La place des Ingénieurs est réduite au maximum pour ne pas les oublier, mais pour se concentrer avant tout et surtout sur la manière dont ont été créés les Xénomoprhes, laquelle sera explicitement dévoilée dans le film.


Alien : Covenant n’est pas, foncièrement un mauvais film. Il ne parvient pas à se hisser au niveau du premier opus mais, pourtant, ne s’effondre jamais réellement. Alors, pourquoi tant de haine ? En réalité, Ridley Scott semble s’être empêtré dans un bourbier dont il paraît extrêmement difficile de s’extraire maintenant. En voulant reprendre la main sur son bébé, Scott a cherché à réaliser une production très ambitieuse, voire trop : Prometheus. Alors que le premier opus était très simple mais d’une efficacité redoutable, et surtout novateur pour l’époque, son prequel, néanmoins très beau et intéressant, a montré une nette divergence entre ses ambitions et les attentes des spectateurs. Cependant, les questions soulevées étaient dignes d’intérêt, et l’arrivée d’une suite pouvait apporter les réponses attendues. Mais, comme dans une volonté de s’excuser et de revenir à ses fondamentaux pour reconquérir son public, Ridley Scott a choisi de reprendre les ingrédients qui ont fait le succès de son premier film, sans dénigrer Prometheus, et de suivre une intrigue allant davantage droit au but. Une stratégie qui peut s’avérer payante pour les fans de la première heure, mais dangereuse pour ceux qui ont renié Prometheus ou ceux qui, justement, souhaitaient un développement plus clair des problématiques qu’il soulevait.


Ce nouvel opus de la saga, sans être mauvais ni exceptionnel, semble donc subir les conséquences d’une gestion et d’une évolution chaotique de la saga Alien. En dépit d’une très belle photographie et d’une volonté claire de retrouver l’ « identité Alien », Alien : Covenant peine à reconquérir un public qui semble perdu et aujourd’hui plus motivé par la production d’une suite aux précédents films qui serait, par exemple, menée par Neill Blomkamp. Mais Ridley Scott ne lâchera très probablement pas le morceau. Pour ma part, je ne cracherai pas sur ce nouvel opus qui reste un bon film dont il ne faut pas exiger trop. Il a au moins le mérite de chercher à faire la synthèse entre ce qui a débuté avec Prometheus d’un côté, et Alien : Le Huitième Passager, de l’autre. Il faut se faire une raison et ne plus attendre de retrouver la magie et l’atmosphère du premier. Alien : Covenant est un bon film, mais dont on a surtout trop exigé.

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le 10 mai 2017

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JKDZ29

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