S'attaquer à une œuvre de Victor Hugo, c'est toujours un évènement. C'est aussi un hasardeux challenge. Mais Tom Hooper, réalisateur du Discours d'un Roi, n'a pas peur des challenges. Son deuxième film son fut auréolé de quatre Oscars. T'inquiète, les challenges c'est son boulot à Hooper. Aussi s'attaque-t-il au roman-phare de Hugo, "Les Misérables", ou plutôt de l'adaptation du roman par Claude-Michel Schonberg sous forme d'une assez libre comédie musicale qui a récemment enflammé Broadway, devenant dès lors la comédie musicale la plus rentable de tous les temps.
Il n'en fallait pas plus pour que Hollywood s'approprie le show et l'adapte à nouveau sur grand écran... En soi, le film s'annonçait comme un chef-d'œuvre évident : un casting en or, des décors pharaoniques, une reconstitution exemplaire de la France du XIXe siècle, un scénario connu de tous larmoyant à souhait...
La course aux Oscars résumée en un film. De l'impressionnant Hugh Jackman en Jean Valjean à l'étonnante Anne Hathaway en Fantine en passant par Russell Crowe dans le rôle de Javert, une composition de méchant à contre-emploi surprenante), les déjantés Sacha Baron Cohen et Helena Bonham Carter (tout deux issus d'une autre comédie musicale, le Sweeney Todd de Burton) en couple de Thénardier ainsi que les jeunes espoirs Eddie Redmayne en fringant Marius et Amanda Seyfried en Cosette : on en a pour notre argent.
Bref, Les Misérables version 2012, ça annonce du lourd. Le hic, c'est que ça chante tout le temps. Tout. Le. Temps ! Et outre le fait que 2h20 de bobine en chansons c'est lourd, une histoire aussi dramatique sans cesse chantée perd toute crédibilité. J'ai faim, je chante. Je suis amoureux, je chante. Je suis malheureuse, je chante. Je meurs, je chante.
Et quand certains acteurs poussent avec brio la chansonnette (Jackman, Seyfried...), d'autres sont tout bonnement faux (Russell Crowe) et l'ensemble reste foncièrement inégal, les chansons étant trop nombreuses et trop variées pour n'en retenir ne serait-ce qu'une. Le constat est là : Hooper n'a pas du tout su établir la barrière obligatoire entre la scène et le cinéma, faisant de ses Misérables un ratage navrant quasi-impossible à voir en entier. Dommage, la mise en scène et les cadrages sont sincèrement parfaits.