Bon, ben il va falloir en écrire une critique de ce film, maintenant... et c'est là que je suis bien embêté. Est-ce que je suis passé à côté d'un chef-d'oeuvre (ok, peu plausible), ou bien est-ce que je n'ai pas su voir le navet irrémédiable qui se cache derrière ce film ? Parce que, bon, soyons honnêtes, je ne vois en ce film ni l'un ni l'autre (contrairement à de nombreuses personnes qui ne voient ici - peut-être à raison - qu'une nouvelle bouse du cinéma français). Entre autres promesses non tenues, Les nouvelles aventures d'Aladin n'aura même pas été le navet devant lequel je pensais pouvoir me lâcher un bon coup (vous savez, ce film à la Green Lantern, tellement ridicule qu'il en devient drôle, mais à ses dépens !)...
Premier bon point, donc (profitez-en, les mauvais points viennent après) : le film ne s’avère pas être le navet monumental qui s’annonçait avec la bande-annonce, et c’est déjà une excellente surprise. En effet, malgré de (très) grosses fautes de goût, l’humour fonctionne régulièrement, notamment avec deux personnages hilarants (les seuls du film) : le vizir en mal d’éloquence et la servante souffre-douleur du calife (respectivement Jean-Paul Rouve et Audrey Lamy, excellents), qui semblent tout droit sortis de Kaamelott (est-ce que je fais trop d'honneur à ce film en le comparant à l'excellente série d'Alexandre Astier - qui ne méritait pas d'être cité en exergue du film de Benzaquen ? Peut-être. Sans doute. Mais bon, assumons). Les décors, les costumes et les effets spéciaux sont, quant à eux, suffisamment travaillés pour qu’on ait plutôt envie d’entrer dans l’ambiance.
En outre, l’idée de la mise en abyme, l’histoire d’Aladin étant en fait interprétée par tous les personnages qui entourent Sam au quotidien, est très bien exploitée, permettant même quelques pistes de réflexion sur la narration, le cinéma, l’auteur et son rapport au public, etc... Mais ouvrir la voie n'est pas tout. Il aurait fallu développer. Les Nouvelles aventures d’Aladin a donc pour lui un potentiel énorme qui aurait pu en faire une sorte de nouveau Mission : Cléopâtre.
Voilà. Ça, c'est ce que Les nouvelles aventures d'Aladin aurait pu être.
Malheureusement, en début de film (j'ai failli arrêter aussi sec: peut-être que j'aurai dû...), qui relève plus du placement de produit qu'autre chose, il faut reconnaître au films deux défauts majeurs, d'où découlent une multitude de petits autres défauts, qui le plombent de manière assez radicale : un mauvais goût bien trop présent et des anachronismes lourdingues. Le mauvais goût se manifeste généralement à travers des sous-entendus plus ou moins sexuels aussi affligeants que puérils, et bien trop récurrents (le personnage du magicien homosexuel tire le film vers le bas dès qu’il apparaît à l’écran, et peut concourir pour le César du pire second rôle jamais vu au cinéma, tous genres, toutes époques et toutes nationalités confondues). Quand on voit ce film, on a un peu l’impression d’un enfant qui dirait des saletés uniquement pour voir comment ses parents vont réagir. C'est parfois désagréable, c'est surtout gênant. Pour nous et pour les acteurs. Si les parents de cet enfant voulaient lui donner quelques claques de notre part, ce serait bien gentil (hélas, ils semblent vouloir récidiver avec Alad'2: sans commentaires...).
Les anachronismes, eux, alourdissent principalement le film par un goût trop prédominant pour le rap et la musique moderne dont on se serait largement passés, comme lors de l’entrée du prince Aladin dans Bagdad, tournée à la manière d’un clip de rap, qui est proprement insupportable (pour ceux qui voudraient essayer de voir le film, la scène dure 2mn30: vous savez combien de temps zapper, si vous ne voulez pas passer les 2mn30 les pires de votre vie). C’est d’autant plus dommage que le ridicule assumé du film s’avère parfois pertinent, grâce à certaines allusions plus ou moins bien placées, qui auraient pu transformer ces Nouvelles aventures d’Aladin en une satire savoureuse des tendances du cinéma contemporain (le « Je suis ton père » à outrance, adapté à toutes les sauces, la scène d’action racontée par Sam, dont on nous dit qu’au cinéma, elle ferait une excellente scène, mais qu’on se garde bien de nous montrer, etc…).
Malheureusement, Benzaquen n’aura pu réaliser qu’un film parfois plaisant, mais souvent attristant, et c’est d’autant plus rageant qu’il n’est vraiment pas passé loin de la réussite, pour se vautrer finalement dans la facilité du cinéma contemporain, qu’il semble pourtant dénoncer… Reste quand même que, rien que pour Jean-Paul Rouve, Audrey Lamy et le « Je suis ton père » final de Michel Blanc, on n’a pas tout-à-fait l’impression d’avoir perdu notre temps. On ne l'a clairement pas rentabilisé non plus.