Les Possibilités du dialogue par Zogarok
Le plus fameux et emblématique des courts de Svankmajer, ainsi que le vecteur de son exposition internationale (récompenses nombreuses dont un Ours d’Or). Sacré meilleur film des 30 ans du Festival d’Annecy en 1990, cette métaphore visuelle de douze minutes, en trois parties, décline le concept de son titre de façon limpide, représentant le dialogue de sourds, la parole comme instrument d’aliénation ou de rejet ; mais aussi comme dispositif créateur.
Ainsi, dans le premier acte où s’exprime l’inspiration du peintre maniériste Archimboldo (avec lequel fruits et légumes composent les visages), des personnages réduit à leur figure se dévorent, se digèrent, se recrachent, jusqu’à aboutir sur des formes humaines se reproduisant et se faisant face. Même chose dans le second ( »passionate discourse ») reflétant la sexualité et la procréation, notamment comme fardeau. La capacité d’absorption et d’assimilation est perçue de façon plutôt frustrante par Svankmajer, qui interprète son propre film comme mettant en scène « the process we are witnessing in this particular stage of civilisation, the passage from differentiation to uniformity ».
Avec des moyens rudimentaires (de la terre glaise et des objets en vrac), l’animation est pourtant très rapide, précise, virtuose mais aussi spectaculaire. Svankmajer provoque mieux que jamais l’émerveillement et l’amertume amusée, par ce tour de manège (et de force) un brin pessimiste.
https://zogarok.wordpress.com/2014/01/24/svankamajer-les-courts-suite-et-fin/