Un vrai massacre
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le 23 sept. 2018
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Un remake des 7 mercenaires de John Sturges (1960), qui est lui-même un remake des Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa (1954), était-ce une bonne idée ? A première vue, pas vraiment. Les deux films sont devenus des classiques, on peut les revoir avec plaisir et ils sont réalisés par deux grands réalisateurs. Alors quand on annonce Antoine Fuqua derrière la caméra, l'horizon s'obscurcit terriblement. Ce sera soit un navet, soit son casting va lui sauver la mise. Heureusement pour lui et le spectateur, ses acteurs sont excellents et le plaisir de voir un western en décors naturels sur grand écran, contribue grandement à rendre ce blockbuster divertissant.
Au premier abord, ce western semble trop propre. Nous sommes dans une église et quelques hommes s'offusquent de la présence tyrannique de Bartholomew Bogue (Peter Sarsgaard). Il a pris possession de la ville, de la mine et s'enrichit sur leurs dos. Sa première apparition est réussie et rend l'atmosphère irrespirable. En tuant Matthew Cullen (Matt Bomer) le fade mari d'Emma (Haley Bennett), il rend le film moins lisse en faisant couler le sang dans la poussière et les larmes. L'introduction est à l'image de son méchant, séduisante.
Les 7 mercenaires de John Sturges ont bercé mon enfance, tout comme les 12 salopards de Robert Aldrich. La réunion de gueules talentueuses pour effectuer une mission périlleuse est un genre que j'affectionne. Le casting de cette nouvelle version avec Denzel Washington en tête, avait de quoi me satisfaire. La bonne idée du film, n'est pas de réunir des mercenaires, mais des hommes représentants la diversité de l'époque. Un homme noir représentant la loi, peu de temps après la guerre de sécession, cela provoque des ulcères chez ceux qui croisent sa route, où la mort. Il doit énoncer à chaque fois son titre, pour éviter de se faire lyncher. Cela nous rappelle aussi que quelque soit le siècle et le statut social de l'homme noir, il peut perdre la vie à tout moment. Ce n'est pas pour autant une dénonciation de la situation actuelle, cela reste avant tout un blockbuster où le n-word ne sera jamais prononcé.
Le recrutement de ces hommes, revient à la veuve Emma Cullen (Haley Bennett). Un personnage féminin fort, ce qui est rare dans l'univers machisme du western. Ce choix n'est pas anodin avec la présence de Nic Pizzolatto au scénario, épaulé par Richard Wenk. On lui doit la série True Detective avec son exceptionnelle saison 1 et l'excellent roman Galveston. Il aime créer des héros complexes en les affublant de divers travers et d'un passé difficile. Avec une telle galerie d'acteurs, il avait de quoi se régaler et ce sera presque le cas. Le film se concentre surtout sur les 7 mercenaires, puis sur la veuve et le méchant. Les habitants, les mineurs et adversaires, font juste parti du décor. D'un côté, on évite la romance inutile, mais de l'autre, on a une absence de liens entrent les mercenaires et la population, ce qui confère au film une absence d'émotions, en dehors de quelques moments furtifs et convenus.
Un blockbuster maîtrisé. La machine fonctionne bien et après un été calamiteux en grosses productions intéressantes, ce remake du remake, est plutôt agréable. Le premier duel est une réussite, grâce au manuel du parfait petit Sergio Leone qu'Antoine Fuqua a longuement étudié pour bien cadrer les visages en plans serrés. Il va même réussir la fusillade finale, un doublé inédit pour lui et cela m'a presque donné envie de l'applaudir à la fin de la séance. Malgré tout, il reste fidèle à lui-même et ne transcende jamais l'histoire et on se demandera longtemps, ce que serait devenu ce film entrent des mains talentueuses.
En dehors de tous faire tournoyer leurs revolvers, les mercenaires sont sympathiques. A l'image du film, ils ne feront jamais oublier Yul Brunner, Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn, Horst Buchholz et même Robert Vaughn. Seul Brad Dexter n'a pas marqué mon esprit et ce sera surement le cas dans quelques années avec la moitié des interprètes de cette nouvelle version. Après sa prestation dans la série Daredevil, Vincent D'Onofrio confirme son grand retour en forme, au point de voler la vedette à ses petits camarades. On sait que le talent coule dans ses veines depuis son inoubliable performance dans le classique de Stanley Kubrick Full Metal Jacket (1987) et il va camper un personnage particulier et impressionnant. Denzel Washington et Chris Pratt sont à leurs aises, mais rien de transcendants. Ils sont dans leurs registres et n'offrent rien de nouveau. Dommage qu'Ethan Hawke soit prévisible, même s'il reste sympathique, tout comme son acolyte Lee Byung-hun. Manuel Garcia-Rulfo se contente de miettes, même si ses accrochages avec Chris Pratt, permettent de se détendre. Sinon, Martin Sensmeier a un arc et des flèches, voilà.... Haley Bennett a su se faire une place au milieu de cette meute de mâles virils et sa chevelure rousse hantera les nuits de la plupart d'entre-eux, alors que les autres vont faire des cauchemars en pensant à Peter Sarsgaard, une nouvelle fois impeccable et flippant.
Ce remake ne rentrera pas dans les annales, mais il n'est pas honteux. Evidemment, il est préférable de ne pas avoir en tête ses illustres aînés, pour ne pas jouer au jeu des comparaisons peu flatteuses. Cela reste un bon divertissement où les 2h13 ne se font jamais ressentir.
Créée
le 29 sept. 2016
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2 j'aime
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