Un remake des 7 mercenaires de John Sturges (1960), qui est lui-même un remake des Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa (1954), était-ce une bonne idée ? A première vue, pas vraiment. Les deux films sont devenus des classiques, on peut les revoir avec plaisir et ils sont réalisés par deux grands réalisateurs. Alors quand on annonce Antoine Fuqua derrière la caméra, l'horizon s'obscurcit terriblement. Ce sera soit un navet, soit son casting va lui sauver la mise. Heureusement pour lui et le spectateur, ses acteurs sont excellents et le plaisir de voir un western en décors naturels sur grand écran, contribue grandement à rendre ce blockbuster divertissant.


Au premier abord, ce western semble trop propre. Nous sommes dans une église et quelques hommes s'offusquent de la présence tyrannique de Bartholomew Bogue (Peter Sarsgaard). Il a pris possession de la ville, de la mine et s'enrichit sur leurs dos. Sa première apparition est réussie et rend l'atmosphère irrespirable. En tuant Matthew Cullen (Matt Bomer) le fade mari d'Emma (Haley Bennett), il rend le film moins lisse en faisant couler le sang dans la poussière et les larmes. L'introduction est à l'image de son méchant, séduisante.


Les 7 mercenaires de John Sturges ont bercé mon enfance, tout comme les 12 salopards de Robert Aldrich. La réunion de gueules talentueuses pour effectuer une mission périlleuse est un genre que j'affectionne. Le casting de cette nouvelle version avec Denzel Washington en tête, avait de quoi me satisfaire. La bonne idée du film, n'est pas de réunir des mercenaires, mais des hommes représentants la diversité de l'époque. Un homme noir représentant la loi, peu de temps après la guerre de sécession, cela provoque des ulcères chez ceux qui croisent sa route, où la mort. Il doit énoncer à chaque fois son titre, pour éviter de se faire lyncher. Cela nous rappelle aussi que quelque soit le siècle et le statut social de l'homme noir, il peut perdre la vie à tout moment. Ce n'est pas pour autant une dénonciation de la situation actuelle, cela reste avant tout un blockbuster où le n-word ne sera jamais prononcé.


Le recrutement de ces hommes, revient à la veuve Emma Cullen (Haley Bennett). Un personnage féminin fort, ce qui est rare dans l'univers machisme du western. Ce choix n'est pas anodin avec la présence de Nic Pizzolatto au scénario, épaulé par Richard Wenk. On lui doit la série True Detective avec son exceptionnelle saison 1 et l'excellent roman Galveston. Il aime créer des héros complexes en les affublant de divers travers et d'un passé difficile. Avec une telle galerie d'acteurs, il avait de quoi se régaler et ce sera presque le cas. Le film se concentre surtout sur les 7 mercenaires, puis sur la veuve et le méchant. Les habitants, les mineurs et adversaires, font juste parti du décor. D'un côté, on évite la romance inutile, mais de l'autre, on a une absence de liens entrent les mercenaires et la population, ce qui confère au film une absence d'émotions, en dehors de quelques moments furtifs et convenus.


Un blockbuster maîtrisé. La machine fonctionne bien et après un été calamiteux en grosses productions intéressantes, ce remake du remake, est plutôt agréable. Le premier duel est une réussite, grâce au manuel du parfait petit Sergio Leone qu'Antoine Fuqua a longuement étudié pour bien cadrer les visages en plans serrés. Il va même réussir la fusillade finale, un doublé inédit pour lui et cela m'a presque donné envie de l'applaudir à la fin de la séance. Malgré tout, il reste fidèle à lui-même et ne transcende jamais l'histoire et on se demandera longtemps, ce que serait devenu ce film entrent des mains talentueuses.


En dehors de tous faire tournoyer leurs revolvers, les mercenaires sont sympathiques. A l'image du film, ils ne feront jamais oublier Yul Brunner, Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn, Horst Buchholz et même Robert Vaughn. Seul Brad Dexter n'a pas marqué mon esprit et ce sera surement le cas dans quelques années avec la moitié des interprètes de cette nouvelle version. Après sa prestation dans la série Daredevil, Vincent D'Onofrio confirme son grand retour en forme, au point de voler la vedette à ses petits camarades. On sait que le talent coule dans ses veines depuis son inoubliable performance dans le classique de Stanley Kubrick Full Metal Jacket (1987) et il va camper un personnage particulier et impressionnant. Denzel Washington et Chris Pratt sont à leurs aises, mais rien de transcendants. Ils sont dans leurs registres et n'offrent rien de nouveau. Dommage qu'Ethan Hawke soit prévisible, même s'il reste sympathique, tout comme son acolyte Lee Byung-hun. Manuel Garcia-Rulfo se contente de miettes, même si ses accrochages avec Chris Pratt, permettent de se détendre. Sinon, Martin Sensmeier a un arc et des flèches, voilà.... Haley Bennett a su se faire une place au milieu de cette meute de mâles virils et sa chevelure rousse hantera les nuits de la plupart d'entre-eux, alors que les autres vont faire des cauchemars en pensant à Peter Sarsgaard, une nouvelle fois impeccable et flippant.


Ce remake ne rentrera pas dans les annales, mais il n'est pas honteux. Evidemment, il est préférable de ne pas avoir en tête ses illustres aînés, pour ne pas jouer au jeu des comparaisons peu flatteuses. Cela reste un bon divertissement où les 2h13 ne se font jamais ressentir.

easy2fly
7
Écrit par

Créée

le 29 sept. 2016

Critique lue 582 fois

2 j'aime

Laurent Doe

Écrit par

Critique lue 582 fois

2

D'autres avis sur Les Sept Mercenaires

Les Sept Mercenaires
Ugly
7

Un vrai massacre

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce titre de critique n'a pas de double sens, il s'applique au ton général du film et surtout à la fusillade finale qui vire au carnage avec une tonne de...

Par

le 23 sept. 2018

31 j'aime

18

Les Sept Mercenaires
Frédéric_Perrinot
4

Faire du vieux avec du vieux

Hollywood doit vraiment être à court d'idées si il commence à lancer des projets de remakes d'autres remakes. En 1960, John Sturges avait surtout fait une réadaptation du film de Akira Kurosawa...

le 3 oct. 2016

27 j'aime

Les Sept Mercenaires
Seemleo
3

les sept marionnettes

Voilà une histoire de vengeance et de justice dans un western dont l'histoire, très linéaire et sans surprise nous est contée durant 2 heures. Dans ce genre de situation, le sel vient de la qualité...

le 29 janv. 2019

26 j'aime

9

Du même critique

It Follows
easy2fly
4

Dans l'ombre de John

Ce film me laissait de marbre, puis les récompenses se sont mises à lui tomber dessus, les critiques étaient élogieuses et le genre épouvante, a fini par me convaincre de le placer au sommet des...

le 4 févr. 2015

64 j'aime

7

Baby Driver
easy2fly
5

La playlist estivale d'Edgar Wright à consommer avec modération

Depuis la décevante conclusion de la trilogie Cornetto avec Dernier Pub avant la fin du monde, le réalisateur Edgar Wright a fait connaissance avec la machine à broyer hollywoodienne, en quittant...

le 20 juil. 2017

56 j'aime

10

Babysitting
easy2fly
8

Triple F : Fun, Frais & Fou.

Enfin! Oui, enfin une comédie française drôle et mieux, il n'y a ni Kev Adams, ni Franck Dubosc, ni Max Boublil, ni Dany Boon et autres pseudos comiques qui tuent le cinéma français, car oui il y a...

le 16 avr. 2014

52 j'aime

8