Le film de toute une génération. Malgré une atténuation (obligatoire) de la violence accrue du comics original, un humour plus présent et quelques différences mineures (April n'est plus une programmatrice informatique mais une journaliste tenace), cette adaptation du comics éponyme créé par Kevin Eastman et Peter Laird est d'une impressionnante fidélité au matériau de base, chose plutôt rassurante pour les fans de la première heure. Par ailleurs, on notera les différentes couleurs des bandanas directement inspirées par l'excellent dessin animé sorti trois ans auparavant...
De l'origine des tortues jusqu'au combat final en passant par la rencontre virulente entre Casey Jones et Raphael et leur mini-exil dans la maison de campagne, rien ne manque pour que le fan de la bande dessinée retrouve ses héros de papier sur grand écran. L'atmosphère sale et les rues dégueulasses instaurent un décor déroutant, reflétant avec précision le New York insécurisé de la fin des années 80. Très réaliste, aux dialogues crus et aux scènes parfois violentes, Les Tortues Ninja ne s'adresse pas exactement aux jeunes enfants mais plutôt à un public adolescent ou de jeunes adultes qui pourront, eux, se refléter plus facilement avec nos Tortues adolescentes enchaînant combats gorgés d'insouciance et erreurs de jeunesse.
Au niveau de la mise en scène, on reste encore bouche-bée face aux scènes d'action orchestrées par ces acteurs en costumes animatroniques créés par le génial Jim Henson, aujourd'hui encore d'un réalisme terrifiant. Quant à l'humour, il est sincèrement opérant, la bonne humeur et les vannes vulgaires que se balancent continuellement les Tortues entre elles ou face à leur nouveau compagnon humain, le vigilante Casey Jones (excellent Elias Koteas) étant communicative au possible.
C'est donc avec un entrain toujours aussi palpitant que nous suivons la toute première aventure ciné de ces mutants aussi doués pour les arts martiaux que pour les blagues infantiles à travers un long-métrage culte débordant de phrases-choc magistrales et d'affrontements trépidants. Un petit bijou du début des années 90 sous-estimé mais fabuleux.