--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au quatorzième épisode de la cinquième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/Secret_of_the_Witch/2727219
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---
Eh bien, moi qui voulait de la potion magique dans la critique précédente, me voila servi, au pied de la lettre ! J’ai voulu quitter cette boucle binaire terriblement répétitive, mais ma chronologie aurai exigé plus qu’une petite pirouette discrète pour me servir autre chose que de la comédie ou du « jeune public ». A défaut, je me suis dit que le simple fait de quitter la machine Hollywoodienne, pour revenir à un cinéma bien de chez nous, finalement, ça me dépayserai. Grand bien m’en a pris ! Car là où je m’attendais à l’une de ces terribles comédies françaises, qui ont fait notre (mauvaise) réputation, j’ai trouvé une comédie haut de gamme, un Jean Reno toujours aussi délicieux même avec une ridicule coupe au bol, et un humour, ma foi, efficace.
On était mal parti pourtant. Car toute la séquence moyenâgeuse de l’introduction ne nous propose qu’éparsement des blagues au ras des pâquerettes, généralement de cul ou de caca (le bon duo…). J’avais donc déjà sorti mon tube de pommade Arnica, en prévision pour mon front meurtri de face palm à l’issu du film. Mais mon front est resté blanc, et le film s’est révélé… drôle. J’en étais la première surprise. Car passée cette introduction longuette et peu intéressante, le film bascule dans une toute autre cadence, et un tout autre niveau d’humour. Il faut dire que la situation proposée par le pitch même du film est très propice aux situations comiques et quiproquos en tous genres. Mais il faut dire également que des films de la fin du siècle précédent qui ont vieilli en même temps que leur public il y en a un paquet, et celui-ci n’en fait pas parti. Comprenons nous, je suis plutôt de la génération *Mission Cléopâtre* que de la génération *Les Visiteurs*, je découvrais le film ce soir, en pensant avoir passé l’âge, ou raté le coche, et en pensant pouvoir juger avec condescendance la génération au-dessus de moi, ayant porté au rang de culte le film et les plus célèbres de ses répliques (car même sans jamais l’avoir visionné je les avais entendues moult fois et n’avais jamais eu l’idée d’en rire). Je n’ai pu que me raviser, et accepter de passer un bon moment face à un film certes pas très subtil ni très malin, mais apparemment indémodable. Et si la grande majorité des blagues devenues « répliques cultes » ne sont effectivement que moyennement drôles (ne pensez pas que je m’abaisserais à les copier ici), d’autres plus diffuses et constantes (du ton outrageusement snob de Valérie Lemercier au vieux français complètement fantaisiste des deux héros), donnent un effet de drôlerie constante à l’objet. C’est habile, car cet atmosphère vaguement stupide et rigolote met le spectateur dans une extrêmement bonne disposition à rire à des blagues, même vaseuses.
Mais je ne vais pas m’éterniser sur la drôlerie de la chose, je n’aime pas ces critiques qui s’emploient à ré-écrire les blagues, et pour lutter contre ce travers, je ressors à chaque mois-monstre la même stratégie pour écrire mes critiques de comédies : je met le film en relation avec le concept du mois-monstre, j’analyse la façon dont on fait de l’humour dessus, les références faites aux autres films, et en conclusion l’intelligence des blagues, hommage ou moquerie, mises en scène autour de ce monstre. Mais là, bon, voila, problème : la sorcière n’est qu’un personnage anecdotique dans Les Visiteurs, modestement importante pour le scénario, mais ni porteuse ni tractée par l’humour. La pyramide humour est posé là, à coté d’elle, sans jamais la toucher. On ne fait pas d’humour sur ou grâce à une sorcière ici, on fait de l’humour, et au passage y a une sorcière. On en fait un peu avec le sorcier ou l’enchanteur, mais je n’ai vu dans ce mois que leur très atypiques pendants féminins, je n’ai donc aucune expertise à donner quant à la version testostéronné des magicien.ne.s satanistes ici. Je peux toutefois dire que la sorcière ici est belle malgré ses attributs courants disgracieux (nez crochu et verrues en tous genres), ce qui est un petit exploit. Pour le reste, elle répond amplement à tous les clichés sans aucune subtilité, mais ce n’est pas nouveau, et elle est vaguement ridiculisée, ce qui n’a rien de neuf non plus. C’est une sorcière banalement banale finalement.
Bravo lecteur, tu viens de lire une longue introduction qui explique pourquoi je ne ferai pas de critique des *Visiteurs*. Ce film est con, simple et surjoué, mais j’aurais aussi pu écrire drôle, habilement mis en scène et brillamment interprété. A toi d’en juger, car plutôt que de me lire, tu aurais mieux fait de le (re)voir.