Malignant est à la fois techniquement contemporain et plastiquement daté : l’ampleur des mouvements de caméra, l’entrelacs des prises de vue réelles et du numérique, les angles insolites par lesquels sont captées les images, tout cela se heurte à une salissure rappelant les films du début des années 2000 avec son montage charcutier, son générique perturbé par des sauts comme s’il s’agissait d’un enregistrement sur cassette, son horreur grand-guignolesque qui, sous le prétexte d’explorer la part obscure d’une femme, exploite les pires clichés de l’emprise et de la possession. On a déjà vu ça mille fois ailleurs, et mille fois mieux.
La réalisation de James Wan échoue à installer une atmosphère oppressante, la faute à un empressement généralisé du récit qui glisse d’un lieu à un autre sans raison aucune, sinon pour accélérer artificiellement le rythme ; dès lors, sa virtuosité mute en caprice d’auteur et ne se subordonne jamais à son sujet – elle est recherchée pour elle-même, dans l’espoir d’appâter un spectateur impressionnable. Quant audit sujet, il s’avère aussi invraisemblable qu’opportuniste, aborde avec une telle facilité la violence conjugale qu’il frôle la caricature complaisante. Un ratage complet.