Soyons honnêtes: les super-héros, c’est un truc de gamin, on est d’accord ?
La pulsion originelle, c’était de pouvoir transformer en un clin d’œil la mauviette banale que nous fûmes (c’est du belge) en vengeur flamboyant capable d’expliquer -en trois baffes administrées avec précision et fracas- à la brute stupide qui se servait de nous comme d'un paillasson où serait écrit "souffre-douleur" que bon, maintenant ça suffit.
Le tout, si possible, devant l’élue de notre cœur (pour qui nous nous morfondions dans d’infernaux tourments depuis trois ans sans avoir encore jamais osé lui dire ne serait-ce que dire bonjour) espérant le coup d’œil furtif, étonné et admiratif.
En grandissant, normalement, on cesse de bicher les connards en costume, et on passe à autre chose. Ou bien on continue à jouer aux jeux vidéos.
(normalement à ce point, je devrais avoir perdu 80% de lecteurs)
Or, parmi tous les travestis d’extrême-droite que bambins nous chérissions (l’auto-justice, toussa), il existait déjà une hiérarchie. Superman, pour beaucoup, est celui qui passait le plus mal. Emballé dans costume crypto-gay nationaliste, le bonhomme falot en-fait-extra-terrestre-invincible a emmerdé de nombreuses générations européennes par son discours lénifiant et moraliste.
Premier facteur aggravant du cas Snyder: l’avalanche de facteurs impromptus qui donnent l’occasion au bambin héroïque de jouer des biscotos: bus qui fait un double salto avant, tempête en mode apparition divine, si vous cherchez à ajouter de l’extraordinaire au sensationnel, y a qu’à demander.
Et puis ce duel final, tellement enseveli sous trois tonnes de maquillage numérique, d'un tel ennuis qu'il m'a fallu lutter contre le sommeil pour tenir jusqu'à son terme.
Donner c’est donner, repeindre ses volets
La série originale initiée par Donner souffrait des défauts consubstantiels de son sujet: acteur nouille qui devint légume et effets spéciaux "fonds-bleus-ficelles" aux perspectives qui faisaient fondre le cerveau des moins matheux d’entre nous ont rapidement eut raison de notre bonne volonté, constituant une blessure originelle que seule une nostalgie tenace et coupable peut encore pardonner 30 ans après. Les volets suivants, mal repeints, allaient s’écraser dans le mur, avec la vitesse du natif de Krypton et la résistance de Djamel après trois semaines de gastro carabinée.
Non, ce qui tâche le plus dans tout ça, c’est le côté officiel (et assumé par Warner) d’utilisations de méthodes dignes des heures les plus sombres du siècle dernier pour essayer de ramasser quelques dollars de plus. Ceux qui ont vu un deuxième degré christique chez le héros se mis un doigt dans l’œil: c’est du premier degré, et du solide. Du prosélytisme pur jus, officiel.
Conscients que les films défendus par les prédicateurs du centre (agricole) du pays -en gros, tout ce qui baigne entre NY et Los Angeles- restaient deux à trois fois plus longtemps à l’affiche, les décideurs (oui, les mêmes qui affichent en prologue de nos blockbusters chéris qu’ils ne soutiennent en aucun cas les propos des auteurs et scénaristes du film qu’on s’apprête à voir: les brouzoufs oui, les emmerdes non) ont pris la décision d’avancer à visage découvert et viser le public religieux avec sérénité et détermination.
Dans ces conditions, messieurs, je vous laisse exposer votre docteur slip en étendard chrétien, épouvantail à mécréants intellectuels décadents, et je retourne de mon côté vers des considérations plus adultes, citadines et agnostiques. Des trucs de vieux trous du cul athées gauchistes, quoi.
A l'instar d'un autre héros mis en scène en son temps par ce bon Richard, je crois que je peux considérer que j'ai désormais définitivement passé l'âge de ces conneries.