You don't make up for your sins in church. You do it in the streets.
You do it at home. The rest is bullshit and you know it.



C'est par cette affirmation que Martin Scorsese lance Mean Streets, plus ou moins inspiré de sa jeunesse dans le Little Italy et qui marquera le début d'un fantastique âge d'or qui va durer jusqu'au milieu des années 1990, soit à peu près sa période de collaboration avec Robert De Niro.


Après avoir réalisé quelques courts-métrages, puis Who's That Knocking at My Door, un intéressant film d'étude, et le sous-estimé Bertha Boxcar, Martin Scorsese se lance dans Mean Streets. Les conditions de tournage sont assez chaotiques, tant par le maigre budget que le laps de temps assez courts (25 jours), ce qui n'empêche pas le futur réalisateur de Taxi Driver de nous immerger dans les bas-fonds de New York, les petites combines et les dessous des mafias locales. Il impose là un style qui lui sera propre et qu'il peaufinera pour atteindre d'autres sommets par la suite.


Il signe là une oeuvre très personnelle, lui permettant d'aborder des thèmes qui lui sont chères à l'image de son quartier de la Little Italy, de l'immigration, de la religion et son importance dans les familles, la jeunesse et ses dérives ou encore la culpabilité. Des thèmes que l'on retrouvera dans les films qui suivront Mean Streets et, tout en s'y intéressant, il nous plonge dans une ville où violence et communautarisme sont au rendez-vous et nous emmène dans des appartements miteux et lieux sordides, le tout dans une ambiance crade, parfois glauque et totalement prenante, de quoi oublier le côté parfois un peu brouillon du film.


La force de Mean Streets, c'est qu'en plus de mettre en place cette atmosphère, le cinéaste italo-américain n'en oublie pas les personnages et en dresse une galerie à l'image de cette ville, où mafia, folie et communauté seront au centre des débats. Ici De Niro (et quelle entrée au son de Jumpin Jack Flash !) n'a qu'un rôle secondaire, c'est surtout sur un excellent Keitel que Scorsese braque sa caméra, et ils sont comme l'ambiance, captivant de bout en bout. À travers ces personnages vivants au rythme de la rue et du sang, c'est l'amitié, les trahisons ou encore la loyauté qu'il aborde.


Il rentre efficacement dans le vif du sujet, posant rapidement le contexte et les base de l'oeuvre et nous plonge caméra à l'épaule dans la vie des protagonistes, nous faisant ressentir le sang, la sueur et la folie qui se dégagent d'eux. La tension monte au fur et à mesure que le récit avance tandis qu'il montre déjà toutes ses capacités pour merveilleusement exploiter un contexte et de prendre son temps pour étudier la vie des personnages et de cette ville, n'hésitant pas à adopter un ton parfois proche du documentaire. La bande-originale a encore toute son importance ici et c'est au son d'une musique d'enfer (Stones, Clapton, etc), toujours adéquat à l'ambiance et l'image, qu'il rythme la vie des personnages.


Si Mean Streets est déjà son troisième film, ça n'en reste pas moins la première pierre réellement importante de l'immense édifice que Scorsese va se construire au fur et à mesure des années. Il nous plonge littéralement en plein Little Italy entre violence, vie, sueur, religion et crasse. Une première pépite...

Créée

le 9 nov. 2015

Critique lue 2.3K fois

61 j'aime

2 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 2.3K fois

61
2

D'autres avis sur Mean Streets

Mean Streets
Gand-Alf
5

Little Italy.

Après une poignée de courts-métrages, un premier film quasi-amateur et un passage obligé par la case Roger Corman, Martin Scorsese signait son premier film marquant, "Mean Streets", vaguement inspiré...

le 3 mars 2013

84 j'aime

6

Mean Streets
Docteur_Jivago
8

Jumpin' Jack Flash

You don't make up for your sins in church. You do it in the streets. You do it at home. The rest is bullshit and you know it. C'est par cette affirmation que Martin Scorsese lance Mean Streets,...

le 9 nov. 2015

61 j'aime

2

Mean Streets
guyness
8

L'école de la rue

Mean Streets est le film fondateur de Martin Scorsese. C'est le premier d'une série assez imparable, un âge d'or qui culminera avec "Les affranchis" et déclinera très rapidement, à partir de Casino...

le 2 avr. 2011

54 j'aime

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

172 j'aime

35

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

164 j'aime

47

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

152 j'aime

34