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Yorgos Lanthimos est évidemment un des maîtres qui m'inspirent le plus, à l'instar d'un Michael Haneke qui lui est beaucoup moins dans l'absurde. Les deux hommes aiment faire traîner leurs récits, leur mise en scène est radicale, violente et froide.
Lanthimos, en plus de ce point commun inévitable mais léger est un réalisateur et scénariste clownesque, il suffit de dévorer son The Lobster ou de s'arracher son Canine pour comprendre que cet homme fait dans le burlesque.


Mise à mort du cerf sacré ou comme je préfère l’appeler car ça pète bien plus la classe, The Killing of a Sacred Deer, est à l'instar de son univers, plus proche de Canine que du reste d'ailleurs, une de ces fables oppressante et scotchante.
Ce film que j'attends avec impatience depuis son passage au festival de Cannes, où il ne remportera qu'un prix du scénario, tandis que la mise en scène fut refilée à la Coppola, incompréhensible m'enfin soit. Je l’attends d'autant plus depuis la claque que fut le trailer, que je n'ai pas manqué de revoir à plusieurs reprises.
Ayant enfin pu foutre les yeux dessus dans les meilleures conditions, à savoir en vostfr dans une salle de ciné, je peux enfin constater que si je ne m'attendais pas totalement à ça et que si ce n'est pas la claque de l'année, cela reste un excellent et brillant film. J'ai du mal à savoir si ce récit tente d'adapter un mythe ou je ne sais quoi, ne lisant pas les critiques des autres spectateurs avant de faire la mienne, il m'est difficile d'en être sûr. Quoiqu'il en soit, métaphore ou non, le grec ne me déçoit pas et reste fidèle à lui-même.


La famille semble être un point phare chez le scénariste et réalisateur, après celle conditionnée de Canine, celle liée par la camaraderie dans Alps, et celle perdue de The Lobster, voici qu'il nous revient avec une aisée et bien lotie. Impossible pour Yorgos de la laisser en paix donc. Par le biais d'un jeune ado mystérieux, il va exiger un sacrifice vengeur très déroutant. C'est en grande partie sur Steven, le père de famille que va se poser ce jeu psychologique et sanglant.
Alliant réalisme, burlesque et curieusement fantastique, le génie fataliste de Lanthimos fait une fois encore mouche. Au final toute cette histoire s'avère bien simple, mais son parcours bien moins.
La folie ambiante que sait si bien retransmettre le grec vient d'un tout, déjà de part un comique en fond mais bien là, rien que le coup du MP3 pose les bases. D'une histoire réaliste mais atypique, et d'une technique rarement aussi prenante, sans oublier cette bande son bourdonnante, aux violons stridents.
Déjà de par la bande annonce on pouvait apercevoir que le réalisateur se prêter à une mise en scène visuellement très Kubrickienne, j'en étais d'ailleurs soufflé, tant Shining m'est revenu d'un coup en pleine poire. Le film est bombardé de ce style, entre zoom, steadycam, travelling et plan fixe, un réel sentiment d'étrangeté est présent constamment, comme si quelque chose planer. Si quelques mouvements sont un peu moins fluides à de rares moments, le reste s'avère magnifique. Prétentieux diront certains, ce n'est pas mon ressenti, pourquoi la minutie et l'exigence d'une oeuvre unique seraient forcément prétentieux, et en quoi serait-ce mal ?


Un jeu délirant et mystique dans lequel Lanthimos filme à nouveau un Colin Farrell désemparé et magistral, arborant d'ailleurs un look comme je les kiff. La géniale Nicole Kidman se joint à lui avant de le retrouver quelques semaines de tournages seulement après sur Les Proies de Sofia.
Les deux films ont d'ailleurs étaient présentés à Cannes en 2017, en présence des deux acteurs.
Le jeune Barry Keoghan s'occupe quant à lui d'incarner l'ado "hanté" du film, après avoir passé son temps sur l'eau dans l'efficace Dunkirk de Nolan, le voici dans son rôle le plus dingue, où il se révèle à merveille. Les peu présents Bill Camp et Alicia Silverstone sont impeccables, quand les deux pauvres gamins de l'histoire, Sunny Suljic et Raffey Cassidy sont bluffant.


En bref, The Killing of a Sacred Deer est une fable morbide et hypnotisante, qui conserve l'absurde et l'ironie mentale de la filmographie de son réalisateur, la scène du sacrifice en est la plus dingue et belle preuve.

MC™

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