Une de ses amies (Lois Chiles) étant morte des suites d’une opération bénigne, le docteur Susan Wheeler (Geneviève Bujold) décide d’enquêter sur les cas de comas similaires survenus l’année passée. Cette investigation va la mener vers l’institut Jefferson, un établissement hospitalier aux activités suspectes…
Bien que n’ayant jamais pratiqué la médecine, ayant préféré pour notre plus grand bonheur une carrière artistique, Michael Crichton, diplômé de la Harvard Medical School, a toujours traduit son intérêt profond pour le monde de la médecine et de la chirurgie dans ses romans ou ses films. Ici, ce n’est pas une de ses propres histoires qu’il adapte, mais le roman d’un confrère écrivain, Robin Cook.
Le réalisme est de mise, à travers une description minutieuse du milieu médical, qui pourra en ennuyer certains, mais qui demeure passionnante grâce à des personnages très étoffés. Michael Crichton parvient en effet à attribuer à ses personnages une grande épaisseur en filmant toutes leurs actions habituelles, ce qui nous plonge de manière très réussie dans le quotidien d’un chirurgien ou d’un médecin, constamment entre stress et détente (comme dans cette scène d’opération qui commence sur le ton de la blague et termine par la mort de la patiente). Mais si les personnages sont aussi réussis, c’est aussi grâce aux acteurs, excellents, notamment le couple Geneviève Bujold-Michael Douglas qui fonctionne très bien.
Enfin, la mise en scène de Crichton, sans grande inventivité, reste efficace, notamment lors de poursuites à la qualité proprement hitchcockiennes, bien qu’elles n’hésitent pas à flirter avec le mauvais goût (se débarrasser d’un poursuivant en lui envoyant une dizaine de cadavres à la figure est sans doute efficace, mais guère ragoûtant…), d’autant que la partition de Jerry Goldsmith, qui débute au bout de de 50 minutes de film, n’est pas sans évoquer les grandes heures de Bernard Herrmann. On suit donc avec un intérêt constant l’enquête de Susan Wheeler, et on découvre avec la même horreur la sinistre vérité qui se cache derrière le mystérieux institut Jefferson… Car comme d’habitude chez Michael Crichton, la dénonciation est de mise. Si elle pourra paraître plus discrète ici, elle s’attaque de manière efficace à l’absence de conscience d’une certaine médecine, une médecine qui refuse de considérer l’individu, et qui camoufle sa déshumanisation, sa quasi-divinisation et son élitisme restreint derrière une apparente volonté d’ouverture des pratiques médicales à la société entière, alors même qu’elle ne s’ouvre évidemment qu’à ceux qui ont l’argent nécessaire…
(la scène de vente aux enchères d’organes humains, glaçante)
Une vision assez noire de la médecine moderne, mais profondément marquante.
Et puis, rien que pour cette scène où l'on voit Ed Harris, dans son premier rôle au cinéma, découper un organe humain en discutant paisiblement de la meilleure manière de tuer quelqu'un sans laisser de traces, ce serait dommage de louper un tel spectacle !