L'amoral de l'histoire
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Si Robert Wise entre dans l'industrie du cinéma en 1933, c'est vraiment à partir de la fin des années 1930 qu'il acquiert une certaine réputation, d'abord comme monteur puis enfin metteur en scène et c'est en 1947 qu'il réalise Born to Kill, son sixième film, une oeuvre noire dans l'air du temps, montrant déjà ses capacités d'adaptation.
Ici, tout tourne autour d'une jeune femme promise à un jeune industriel mais qui va voir son destin basculer lorsqu'elle rencontrera un inconnu à la gare qui va finir par la harceler. Tout est sombre dans Born to Kill, que ce soit les enjeux, les personnages, la photographie ou l'ambiance et Wise nous immerge dans cette intrigue ambiguë à laquelle un détective va peu à peu se mêler et chantage, meurtre, passion, fumée de cigarette et vapeur d'alcool seront au rendez-vous.
La force du film se trouve surtout dans le savoir-faire de Wise qui, à défaut de se montrer réellement brillant, se révèle efficace, sachant nous emmener au cœur de l'enquête sans nous y perdre et soignant l'ambiance tout le long du film. L'intrigue est bien ficelée, il resserre peu à peu l'étau autour des protagonistes jusqu'à un final surprenant et réussi, maintenant l'atmosphère désenchantée et fataliste. Wise met bien en avant cette capacité à nuire et la violence qui va se faire de plus en plus forte plus on avance dans le récit, tandis qu'à défaut d'être attachant (et de faire ressortir une dimension tragique et dramatique), les personnages sont toujours intéressants et surtout troublants.
Alors, si certaines interprétations (et choix surtout) laissent un peu à désirer, à l'image de Lawrence Tierney, Claire Trevor et Walter Slezak se montrent tout à fait à leur aise. La tension se fait bien ressentir, surtout dans la dernière partie du récit, là où Wise dénoue les liens ambigus entre les personnages. Il montre un vrai sens du rythme, orchestrant son récit avec efficacité et donnant de l'importance à tous, premiers et seconds rôles. Et enfin, comme il le montrera à nouveau par la suite, il montre une vraie maîtrise du noir et blanc, jouant ici dans un style proche de l'expressionnisme avec brio.
Wise se montre surtout efficace avec Born to Kill, orchestrant son récit d'une main de maître pour mieux faire ressortir la noirceur, violence et ambiguïté des personnages. À noter qu'il créa un petit scandale à sa sortie, notamment dans la description amorale que le futur metteur en scène de West Side Story fait de ses personnages.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Plongée dans les polars américains
Créée
le 5 avr. 2019
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