Dans les années 1950, le western se remet en question : c'est alors l'heure du « surwestern » et du western « baroque ». Le western « spaghetti » (italien) prend la relève de l'américain, classique comme moderne, avec Leone en chef de file dans les années 1960. Ce renouveau s'accompagne lui aussi de vagues 'dissidentes', formant un sous-genre ouvertement politisé (« zapata »), parfois à l'excès, au risque de dénaturer. C'est dans ce contexte qu'arrive On l'appelle Trinita, une surprise de l'an 1970, qui rencontre un immense succès.
Il génère malgré lui le « western fayot », cousin éloigné (en mode bis décontracté) du « western crépusculaire » puisque tous les mythes de l'Ouest y sont désacralisés, dans une optique parodique et burlesque. Dans On l'appelle Trinita, la violence est enfantine : il n'y a pas de sang, surtout des coups. Cet opus n'est pas encore une gaudriole totale : c'est bien une parodie complaisante, tirant sur la farce, mais surtout un film léger, aux élans gras mesurés. La vulgarisation du genre est tempérée par le déploiement d'un certain folklore ; les italiens sont en train de concevoir leur Obélix en la personne de Bud Spencer, le village n'est pas gaulois mais ouvert sur le désert, les mormons sont sous influence hippie.
Spencer (le shériff poisseux) est ronchon et dur, mais dur comme peut l'être un gros ours dans une bande-dessinée. Le camarade Hill, son frère dans le film, est carrément un aventurier paresseux. En plus d'approcher le comics Trinita met carrément le pied dans le buddy-movie, tel que pratiqué dans les années 1990 avec L'arme fatale par exemple. Cette association (pourtant opérée par défaut) s'avère maline puisque le tandem Spencer/Hill sera, dans les années à venir, l'argument de vente d'une dizaine de bouffonneries plus ou moins corsées qui participeront au rayonnement de ce western « fayot ». Parmi eux se trouve le second Trinita ; des films antérieurs seront rattachés à la 'saga Trinita' dans certaines traductions dont la version française.
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