Toute personne ayant un minimum de culture rock peut approuver que souvent la pochette d'un disque compte autant que le disque. Si Jimi Hendrix a toujours été lésé de ce coté, Pink Floyd est un groupe qui a pris grand soin de ce détail. Ummagumma, la vache, Meddle, Wish you..., Dark side..., Animals et bien sûr The Wall.
A part les White ou Black albums de certains, dur dur de faire plus minimaliste que cette pochette et, dur dur d'avoir autant d'identité en si peu de lignes. Un minimalisme qui s'apparente bien au contenu du disque, même si la musique y est parfois riche. Pour le film, l'affiche aussi en dit long sur le film, à savoir un déluge de mauvais goût avec Pink Floyd The Wall écrit dessus.
C'est vrai qu'il y a une histoire qui se dégage du récit de Roger Waters, des ambiances parfois lourdes, parfois nerveuses, des légèretés sarcastiques ou mélancoliques, des moments de douceur tronqués par une hystérie ravageuse et il est normal de vouloir associer l'aspect visuel du groupe, aussi travaillée en concert, à sa musique pour en faire un film.
Malheureusement, le film tourné dans la foulée n'apporte aucun relief au récit initial, voulant à tout prix coller à l'image sonore du disque à la tonalité de téléphone près, on n'a le droit qu'à plusieurs séquences d'illustration des paroles, les images live ne trouvant que très rarement leur rythme et les compositions rajoutées ne comblant même pas en rêve le retrait de Hey You.
Si les dessins, dans leur genre, contrastent assez bien sur le décor mural intérieur de la pochette, en plein écran, ça en devient parfois écœurant.
Le plus décevant, c'est la scénographie de la vie de Pink, espèce de Syd Waters qui est censé avoir connu l'euphorie des années 60, des boum party psychédéliques, les excès de la défonce des 70's. Non, monsieur à trouvé un travail de rock star, avec sa paie, il quitte sa mère pour s'installer avec madame, qui s'ennuie à attendre au téléphone et le trompe avec le premier prof de tennis, de dessin ou autre. Pire encore, c'est la déprime ambiante. D'accord, The Wall n'est pas le disque le plus joyeux qui soit, mais le chanteur arrive à faire passer plusieurs émotions par sa voix et parfois même de l'humour ou de l'ironie, dans le film que nenni, au contraire, les subtilités du chant sont gommées par l'image.
Reste Bob Geldof, végétal idéal jusqu'à sa décomposition, une fois dégarni, il donnera l'ampleur nécessaire à ce rôle mais se fera piquer la vedette rapidement par l'animation.
Au final, un film qui aura du mal a rester pour la postérité, pas tout à fait la faute à un Alan Parker qui aura balancé trop tôt, trop vite son cœur contre le mur d'un malade détraqué en la personne de Roger Waters, dans la plus mauvaise période de sa vie, qui intoxiqua la production de la même manière qu'il a détruit Pink Floyd.
Je tiens à préciser que c'est la critique d'un amour déçu, j'ai déjà pris du bon temps avec ce film, parfois j'ai même une petite nostalgie, mais dès le début, j'ai su que ce ne sera jamais pour la vie