Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "je suis curieux de voir ce film."


Scénario :
Marion Crane, secrétaire sans histoire, embauchée depuis 10 ans dans une agence immobilière, est devenue, du jour au lendemain, une icône du grand banditisme. La jeune femme, a subtilisé une forte somme à l'un des clients de son patron, par un stratagème tout con : se barrer comme si de rien n'était. En effet, alors qu'elle était chargée de déposer 40 000 dollars à la banque, celle-ci ne les a jamais déposé et à disparue sans laisser de trace.
Dans certains univers parallèle, Marion a refait sa vie avec son amant au Panama, dans d'autres, elle croupie en prison ou revient en arrière et redonne l'argent volé. Et puis, il y a notre univers, celui où elle s'est arrêté dans un petit motel un soir de pluie et à décidé de prendre une douche.



En tant que sujet d'étude :



Psychose fut le sujet que j'ai pris afin de comparer deux "remake." J'ai donc visionné l'original, celui d'Alfred Hitchcock afin de le comparer à celui de Gus Van Sant.


Le problème de ce film, comme Citizen Kane tiens au fait qu'ils est bien trop connu pour surprendre le spectateur. Pourtant, il possède deux twists très intéressant dans l'histoire du cinéma.


Le premier, c'est le fait que Janet Leigh meure au bout d'une demi-heure. C'est assez taré d'imaginer un film où celle qui nous est présentée comme la protagoniste principale est évincée du scénario assez vite. C'est un artifice qui à été bien plus repris par les séries télé (Oz, Game of Thrones) mais qui, hélas, ne peut plus tenir pour des films de cinéma (le secret serait éventé trop vite.) D'ailleurs, la scène de la douche (qui a pris 7 jours à être filmée) est tellement célèbre qu'elle à le droit à son propre article wikipédia (article qui n'est qu'une redite de ce qui est écrit dans l'article consacré au film en lui même...)


Le second,


c'est que le tueur est un personnage qui souffre d'un dédoublement de personnalité. Et pour le coup c'était assez rare à l'époque. Alors, certes, c'est expliqué de façon un peu didactique à la fin, mais il faut savoir que ce genre de psychose (sans mauvais jeu de mots) était inconnue du grand public. Et Norman Bates est le père de milliers de tueurs ayant une ou plusieurs personnalités dans la tête, pour le meilleur et (bien souvent) pour le pire. Sans Psychose, même un film comme Fight Club aurait bien moins marché, tout comme les scènes où Gollum se parle à lui même dans le Seigneur des Anneaux.


Il faut dire que Psychose se déroule à l'époque où le code Hays était encore en activité et pour un film qui inspirera énormément de films d'horreurs et de films très violent, au point de carrément inventer le thriller, il sait jouer avec ce qu'on ne voit pas. Ainsi, non seulement Janet Leigh n'est pas nue dans la scène de la douche, mais aucun coup de couteau ne la touche vraiment (vous pouvez remater chaque plan où l'on voit les coups de couteaux, tous la manque ou la frolle.) De plus, à l'époque, parler des toilettes était interdit, mais Hitchcock réussi à y cacher l'indice du film


Sans parler des difficultés techniques (plans aérien, changement de focale dans un zoom, nécessité de filmer 70 plans pour une courte scène) qui étaient hyper balaises pour l'époque et que le numérique a rendu assez facile à faire maintenant. Ceci dit, le fait de tout tourner dans un nombre réduit de décors en a fait un film avec un budget assez réduit pour l'époque et une équipe venue de la télé. (Oui, oui, le fameux poncif de "la télé fait maintenant aussi bien que le cinéma" est vieux d'une soixantaine d'année.)



Mon avis personnel :



Quitte à me faire des ennemis... ça n'est pas mon Hitchcock préféré (je crois que jusqu'ici, c'est La Mort au Trousse.) Néanmoins, je reconnais que le scénario est malin pour l'époque et graphiquement le truc à de la gueule : même en dehors des scènes connues, il y a des plans superbe. Hitchcock a travaillé pendant des années en noir et blanc avant d'attaquer la couleur et ça se voit. La musique de Bernard Herrmann est géniale et le jeu d'acteur excellent (sauf celui de John Gavin) Anthony Perkins joue très très bien le garçon perdu, très loin des rôles de prédateurs froid et calculateur qui ont 50 coups d'avance sur tout le monde ou du gros porc auquel tout le monde se méfie.


Mais, il y a hélas des trucs ratés. Et ils jurent autant que sur bien des points le, film était maîtrisé. Comme une petite tache qui ressort d'autant plus que le mur était bien nettoyé. Déjà, j'ai une grosse suspension d'incrédulité quand je sais que la résolution du mystère :


Tiens sur une feuille déchirée et jetée aux toilettes que la soeur de Marion retrouve et sur laquelle celle-ci a fait les comptes de la somme qu'elle a dépensée. La feuille a passé plus de deux semaines dans les toilettes et elle est encore lisible ? A moins que la vasque n'ai pas d'eau au fond, mais quand même, lorsqu'elle la trouve, Lila lit immédiatement ce que c'est. Et comment Norman Bates, qui a méticuleusement nettoyé la pièce plusieurs minutes du film ne s'est même pas aperçu de ce détail (les toilettes n'étant même pas refermée.)


Ensuite la scène de meurtre dans l'escalier où j'ai l'impression qu'Hitchcock était bien plus concentré sur l'idée d'un meurtre filmé avec un effet de contre plongé que de le rendre crédible. Parce qu'on a l'impression que la victime fait une chute pas trop grave et plutôt comique. Ou bien, le mec est en train de littéralement s'envoler.


Idem pour le passage qui suit immédiatement la scène de révélation finale :


Si la vue du cadavre de la mère de Norman Bates est hyper creepy et super bien foutu... le fait de voir celui-ci avec les vêtements et la perruque de sa mère, juste après, m'a fait échapper un fou rire.


Et surtout il y a l'avant dernière scène du film :


Avec le psychologue qui explique toute l'histoire. Alors, certes, moi, j'aime bien l'idée d'avoir de la clarté, de comprendre pourquoi Bates à fait ça, et retracer l'origine de sa folie. Mais c'est un poil trop long et trop "bêtement explicatif" pour que je trouve ça passionnant. D'autant plus que le psy dit ça avec un énorme sourire en mode "vous allez rire, mais ce mec se prenait pour sa mère depuis 10 ans."


Psychose est un incontournable de l'histoire du cinéma. Un film hyper travaillé qui a carrément inventé tout un tas de code du genre horrifique. Hélas, il n'échappe pas à certaines détails ratés et il est rattrappé par le culte autour de lui qui fait qu'on peut difficilement le voir vierge de tout spoiler.

le-mad-dog
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le 19 janv. 2018

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Mad Dog

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