Il était une fois une jeune fille qui allait au cinéma. Elle avait choisi un Film sans savoir de quoi il parlait, juste pour sortir et se changer les idées, sachant qu’elle avait plutôt apprécié les deux films précédent du réalisateur, L’Orphelinat qu’elle adulait et The Impossible sur lequel elle avait plus de réserves mais qui l’avait bien faite pleuré. La jeune fille avait choisi la séance de 22 heures, tard la nuit, pour qu’il n’y ait pas trop gens, juste quelques passionnés venus se changer les idées devant un film vendu et voulu pour les enfants.


L’œuvre commence. Très vite, la jeune fille est aspirée dans l’ambiance mélancolique de ce qui se déroule sous ses yeux, aidée par le générique de début en aquarelle mouvante qui à lui seul dévoile déjà ce que sera Quelques minutes après minuit. Dans ce joli générique, se dégage le trait artistique onirique d’un enfant à travers cette peinture à l’eau qui s’étend, qui s’étale et gondole le papier à l’image de larmes. Le Film raconte l’histoire d’un petit garçon qui voit sa mère dépérir sous ses yeux alors qu’apparaît chaque nuit, quelques minutes après minuit, un Monstre qui vient lui raconter des histoires. La jeune fille a l’impression que ce Film parle d’elle.


La jeune fille voit avec quelle justesse le réalisateur dépeint cette mère malade qui lentement s’effondre, et le regard que pose son enfant sur elle. La jeune fille sait ce que cela fait de voir ça - il ne s’agissait pas de sa mère mais de quelqu’un d’autre qu’elle disait aimer plus que tout au monde - elle connaît ce que le Film lui montre avec une exactitude qui la foudroie. La jeune fille, se voit dans le petit garçon qui cherche à s’isoler, qui déborde d’une rage brûlant ses organes désespérés, qui a peur, qui veut protéger l’être aimé, qui essaie de croire en la guérison mais qui ne peut s’empêcher de perdre complètement espoir, malgré les sourires de l’autre, ses mots rassurants, sa manière d’y croire. Le petit garçon, c’est la jeune fille, qui disparaît avec l’être cher, qui, lorsqu’il existe ne peut rien faire d’autre que hurler, frapper, pleurer et se déchirer tant il souffre, tant il culpabilise de ne rien pouvoir faire et aimerait malgré tout, même si ça le ronge, même si ça le dévore de toute part, même si ça le fait se haïr, que tout se termine une bonne fois pour toute.


Quelques minutes après minuit, ce n’est pas un Film sur l’être malade mais sur la personne chère qui le voit faner. La jeune fille a l’impression que ce Film lui donne le droit qu’elle ne s’était jamais donné à l’époque, celui d’être transie de douleur tout autant que le mourant, celui de désirer que tout s’arrête pour cesser d’avoir peur, pour passer à autre chose. Comme le petit garçon, la jeune fille se souvient que ceux qui subissent la perte, aussi, ont besoin de remèdes, ont besoin de guérir, ont besoin qu’on s’occupe d’eux et qu’on les aide à vivre. Elle se rappelle aussi avoir appelé un Monstre, une créature pour la remplacer, pour l’aider, la guider et lui faire avouer qu’elle souffre, une oreille pour qu’elle puisse se plaindre même si cela lui est presque impossible, comme l’Arbre oblige le petit garçon a dire sa propre vérité, alors qu’il est prêt à mourir pour la dissimuler.


La jeune fille voit dans ce beau Film qui multiplie les instants de beauté, les séquences dans une magnifique animation, les plans superbes et élégants, les jeux de lumières et couleurs qui portent les sentiments, la fable qu’elle avait toujours eut besoin de voir, d’entendre, d’écouter. Ce Film c’est ce qui l’a ramené aux pires moments de sa vie mais pour lui permettre de s’accepter, de comprendre ce qu’il s’était passé et ne plus avoir peur d’admettre ce qu’à l’époque elle pensait.


Quelques minutes après minuit, c’est un Film bouleversant, une histoire d’une justesse déstabilisante, sur des événements que beaucoup connaissent mais d’un point de vue que trop peu n’acceptent. C’est le plus beau des contes, la plus tendre des histoires que la jeune fille est soulagée de n’avoir pas manqué.

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