Rambo perd sa substance initiale pour être re-politisé anti-communiste dès sa première suite. La séquence d'ouverture est éloquente, en elle-même et en tant qu'annonce : la photo de Jack Cardiff est remarquable, les décors soignés et déjà, le scénario est bancal. Le colonel vient chercher Rambo en prison pour lui confier une mission en Thaïlande. L'opération est hautement périlleuse mais il sera probablement gracié pour ce service. C'est tout à fait défendable mais ça cloche déjà par rapport au premier opus. Le seul écho relativement fidèle, c'est qu'il se passe peu de chose pendant que Rambo s'égare dans la jungle – c'est l'essentiel, parsemé de scènes d'actions explosives mais sans sève.
Rambo II est moins méprisé que son successeur mais peut-être encore plus considéré comme un navet grandiloquent ; au rayon 'nanarland', Rambo III garde pour avantage les réparties bouffonnes ou perçues comme telles (« ça fait du bleu » ou encore « dans ton cul »). Ici les punchlines se font plus solennelles tout en étant à niveau question beauferie ou même niaiseries propagandistes ; c'est par conséquent plus ridicule dans l'ensemble. Le récit est très léger et volontiers incohérent, la romance avec Julia Nickson-Soul (sosie de Sophie Marceau) complètement ratée mais peut-être pas autant que la mort de la dame.
Ce qui sépare Rambo 2 du culte zeddard Hitman le cobra (1987) c'est son brio en dépit de ses manquements. Rambo 2 n'est pas un film de marioles, mais il apparaît tout de même patraque. Le scénario de James Cameron a été (comme pour les autres opus) retapé par Stallone : il faudrait savoir dans quelle mesure cela explique les bizarreries de ce produit à la fois bête et maîtrisé, raide et confus, brutal et atone. L'énergie de la réalisation de Georges Pan Cosmatos (Léviathan), qui retrouvera Stallone dans Cobra (son Commando), semble 'glacée' sans être du tout inhibée.
Les gueules d'atmosphère (les russes ou les supérieurs de Rambo – Trautman, Marshall Murdock) se répètent, se contredisent, amorcent de vaines déclamations et lâchent quelques bons mots. Souvent cité [pour sa scène de torture et plus largement] comme un archétype du film d'action décérébré, Rambo 2 honore sa réputation mais sans tomber dans la stupidité cynique ou le grotesque franc, malgré ses engagements idéologiques ou moraux sommaires ou outranciers. C'est une bourrinade un peu relax tirant vers le mélo, avec des exploits badass rares mais généreux (climax : le délire du retour à la caserne).
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