Somerset, vieux flic bientôt à la retraite, va être remplacé par le jeune et fougueux David Mills. Mais les deux vont faire équipe sur l’enquête d’un sérial killer s’inspirant des 7 péchés capitaux. Souvent copié, jamais égalé. Seven a inspiré de nombreux films et est la quintessence d’un genre cinématographique incandescent. Dès les premières minutes, on est happé par cette ambiance quasi anxiogène. Le générique, au montage syncopé et à l’esthétique glauque, donne le ton d’une œuvre qui marquera les esprits. Visuellement, le film est bluffant du début à la fin. Le grain de l’image est gras et sur la brèche, la lumière est caverneuse donnant une atmosphère poisseuse de tous les instants, la ville sent le soufre, lieu de toutes les folies et sous la pluie continuellement. La force du film est de créer l’horreur sans réellement nous la balancer avec complaisance et avec gratuité. La mise en scène montre une violence viscérale, sans réellement la montrer. Elle est à la fois explicite (le crime de la paresse) et à la fois suggérée (le crime de la luxure).
Le duo Pitt/Freeman fait merveille et joue les équilibristes entre fougue de la jeunesse et pessimisme d’un certain vécu. Somerset campe le flic à l’ancienne, observant les moindres détails d’une société en souffrance qui dérive jusqu’à n’en plus finir. De l’autre côté, Mills, arrogant et impétueux, est le parfait nouveau flic qui n’a pas froid aux yeux. Les dialogues entre les deux compères sont souvent grinçants et jamais larmoyants.A l’image de sa mise en scène, le scénario est brut de décoffrage et ne fait pas dans le psychologisme de pacotille. Fincher et Andrew Kevin Walker arrivent à donner de l’ampleur à leurs personnages en montrant leurs fêlures et leur quotidien, sans tomber dans les poncifs mélodramatiques inutiles. Fincher n’est pas qu’un simple bon metteur en scène, mais il est avant tout un excellent directeur d’acteur.
L’histoire, simpliste à première vue, est d’une efficacité sans failles mettant en œuvre une enquête aux multiples rebondissements. Grace à un scénario limpide et une mise en scène féroce (cette superbe poursuite infernale dans l’immeuble), Seven ne souffre d’aucune boursouflure et d’aucun temps mort.D’une noirceur vertigineuse, le twist final de Seven engouffre le film dans le chaos le plus total, et laisse place à la folie et à la complexité de son sérial KIller. Cette fin dantesque, comme symbole de la mort de l’innocence déchue, est le genre de chute qui marque le spectateur à vie. Le scénario est le parfait contre pieds à tous les films de genre vus et revus. Seven, c’est comme prendre une balle dans la tête. Irrévocable. Définitif. Mortel.