Le style Blax
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le 20 avr. 2020
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Avant il y avait l’inspecteur Harry…mais il y avait aussi John Shaft !
Nouveau classique qu’il était grand temps que je découvre. Nous sommes en 1971, Samuel L. Jackson n’a qu’une vingtaine d’années, pas encore prêt, pas encore formé pour se glisser dans la peau du neveu d’un grand des films de la blaxploitation : John Shaft. Ce détective solitaire est engagé par un baron de la drogue pour retrouver sa fille kidnappée par la mafia blanche. Durant son enquête, John sera aidé par le leader d’un groupe de militants noirs.
Pas de bling-bling autour du cou et poignets, pas de manteau de fourrure, ni de canne en argent, encore moins de chapeau excentrique, Shaft parle de ségrégation raciale, sans forcer le spectateur à adhérer à un camp ou un autre. Par contre, des règles, il y en a. Ici on porte le combo coupe afro et rouflaquettes. Si possible, une petite moustache bien taillée.
Dans Shaft, Les nuits rouges d’Harlem, les potes c’est important, sa femme, c’est important…bon il arrive qu’il est quelques incartades… . Durant l’enquête, vous allez marcher, beaucoup, longtemps. Parfois vous vous arrêterez prendre des forces en allant grignoter un morceau, ou piquer un somme, roucoulé avec votre bien aimée, puis repartirez. Surtout, dans ce tout premier opus, vous allez faire la connaissance d’un des blacks les plus cool. Le monde ne le mérite pas.
Ca me fait chaud à mon cœur noir de voir tout le souci que vous vous
faites pour notre misérable minorité.
Les blancs ont l’inspecteur Harry, les noirs ont John Shaft. Pas de jaloux. John Shaft, il nous fait pas le numéro du noir décontracté, il est cool au naturel. Vous en connaissez beaucoup des mecs tellement cool qu’Isaac Hayes en personne a créé une chanson rien que pour eux ? Qui plus est, une musique se déclenchant dès qu'ils marchent dans la rue? Shaft est de ceux-là. Même là encore vous êtes loin de le connaitre. Les célèbrent Chuck Norris Facts pourraient bien avoir un digne rival.
• Shaft c'est un type bien élevé, généreux avec les pauvres et les enfants.
• Il en a dans le pantalon Shaft. Il sait ouvrir sa bouche dans cette société continuant de voir l'homme noir comme inférieur, indigne d'avoir les mêmes droits que l'homme blanc.
• Personne ne donne d'ordres à Shaft. Ni les flics blancs, ni les mafieux, ni les feux de circulation pour piétons, personne. Ne vous avisez jamais de vous installer sur son fauteuil, encore moins de lui cracher à la gueule. Ca le fou en rogne et ça, on ne peut que lui donner raison par les temps qui courent.
• Shaft, il est en roue libre, autoritaire, il dit ce qu'il veut, à qui il veut, il fait ce qu'il veut, où il veut, quand il veut, avec qui il veut.
• Personne ne refourgue à Shaft des montres contrefaites.
• Il a ses méthodes Shaft, son propre réseau d'informateurs et en plus, il connait tout le monde dans Harlem.
• Même le tueur le plus discret ne peut échapper à Shaft. Les tueurs lancés à ses trousses, Shaft, il les reconnait d'emblée et les prend à revers parce qu'Harlem, il connait tous les raccourcis par cœur.
• Shaft, c’est un grand bavard, adepte de la punchline piquante à te faire regraisser un trentenaire épanoui.
• Même quand il montre sa plaque, Shaft, il est cool.
• Shaft, c’est un séducteur, une vraie sexe machine. Les femmes, elles grimpent au rideau en moins de 5minutes montre en main.
• Shaft, personne ne le comprend, sauf sa femme. Et sa femme, elle est tout pour Shaft. Juste pour elle, il laisse sortir sa sensibilité. JUSTE pour elle.
• Shaft, c’est le roi de l’infiltration improvisée, capable en un claquement de doigt de devenir barman dans un bar de blancs et devenir pote avec.
• Shaft, il sait se servir des petits et des gros flingues. Quand il cogne, il cogne fort, quand il agrippe, il agrippe fort. Tellement fort que s’il lâche un ennemi un peu trop élancé, ce dernier peut passer « par accident » par la fenêtre de son bureau.
L’histoire qu’il va vivre, l’histoire qu’on va suivre, elle a été balancée dans le caniveau de la rue d’en face, ou kidnappée elle aussi. Seul Shaft décidera si elle sera retrouvée ou repêchée. Peut-être lors de sa prochaine aventure ?
Quoiqu’il en soit, ce film, sous ses allures de série B nanardesque vous colle une baffe visuelle. La mise en valeur de son héros, des scènes d’action, des scènes posées, des altercations, des meurtres, « Shaft, Les nuits rouges d’Harlem » a été filmé, mis en scène par le caméraman et le réalisateur les plus cool du cinéma. Même la bande originale est légendaire. C’est vous dire la qualité du film.
Au final, je suis prêt à oublier l’histoire simpliste et le rythme assez mou du genou parce que tout le reste est du génie créatif. L’ambiance, la bande son, les costumes, la mise en valeur d’Harlem et de la grosse pomme, la prestation de Richard Roundtree. Je comprends pourquoi Quentin Tarantino a tiré son inspiration de cette source. Cool jusqu’au bout Shaft, cool jusqu’au bout…
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Créée
le 16 avr. 2020
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