Par moments à trop vouloir profiter du même filon sans innover, on se brûle un peu les ailes. Malheureusement c'est un peu ce qui arrive à la réalisatrice américaine avec son quatrième film, Somewhere. Alors oui, Sofia Coppola, fait toujours du Sofia Coppola. Somewhere présente de façon lancinante l'arrière du décor Hollywoodien où les strass et paillettes ont été vite remplacées par l'ennui et la solitude, à l'image de cette première scène où l'on voit Johnny Marco tourner en rond dans sa voiture de luxe. Elle film de nouveau la morosité ambiante qui déambule dans ce petit monde bourgeois, fermé sur lui même à travers ce microcosme où tout le monde se croise sans se connaitre.
On connait la recette et à force de goûter au même plat, il n'y a plus cet effet de surprise. Son cinéma épuré, classe, délicat n'a jamais été aussi minimaliste qu'avec Somewhere et c'est peu de le dire. Pour preuve, la présence d'une bande son indie rock a souvent été la marque de fabrique de la jeune femme permettant d'agripper de façon contemplative les égarements sentimentaux de ces personnages. Somewhere, lui, est quasiment silencieux de bout en bout, évaporant presque toute musique et toute parole. Malgré ce petit détail, c'est avec un plaisir non dissimulé qu'on retrouve la réalisation crépusculaire de la Miss avec cette caméra qui caresse avec grâce et douceur le cadre de son image, ces personnages charmants et émotivement un peu maladroits.
Cette solitude presque indicible habite cet acteur vivant au somptueux hôtel du Château Marmont à Los Angeles et qui doit presque contre son gré garder sa fille quelque jour. De minutes en minutes, il commencera à regarder sa fille avec les vrais yeux d'un père aimant et va se mettre alors à se poser des questions sur l'homme qu'il veut réellement devenir. L'acteur déchu qu'il est, accroc à la bouteille et passant ses nuits à regarder des blondasses s'émoustiller en faisant des lap dances, veut changer. Pour se faire, le duo Dorff/Faning, terriblement doux, fonctionne très bien à l'écran. On se met parfois à sourire délicatement devant l'éveil de l'émotion entre ce père et cette fille quand ils jouent à Guitar Hero ou qu'elle patine divinement sur la glace.
Derrière cette finesse visuelle, les gestes se font rares, les soubresauts presque insaisissables, et il faut bien le dire, on perd un peu le fil devant un film qui multiplie les scènes sans véritables intérêts narratifs ou émotionnels. Somewhere n'a pas la noirceur d'un Virgin Suicides, ou le charme d'un Lost in Translation ni la fougue puérile de Marie Antoinette mais n'en reste pas moins un écrin visuel gracieux et attachant mais dont le message sur cette quête parentale de rédemption se révèle un peu en ligne droite.