Comme pas mal de monde j'ai été introduit à l'histoire de Sophie Scholl en cours d'allemand. On avait même regardé en fin d'année la première moitié de ce biopic, qui m'avait suffisamment plu pour me donner envie de voir la suite, un certain nombre de mois plus tard. Mais entretemps, j'ai eu l'occasion de voir plusieurs films sur la résistance, et il faut bien dire que le film de Marc Rothemund souffre de la comparaison.
Sans surprise, le long-métrage présente toutes les défauts du biopic de base. La mise en scène est profondément académique et se contente de montrer l'action, sans vraiment chercher à l'épauler. On peut reprocher la même chose à la bande originale, de la soupe musicale qui, lorsqu'elle se fait entendre, ne rend pas service à la scène. Son utilisation la plus mémorable reste le moment où les Scholl distribue les tracts à l'université, accompagnés d'une musique digne d'une phase d'infiltration dans un jeu vidéo. Les événements du film manquent donc de relief et empêchent les quelques symboles présents dans l’œuvre d'avoir une portée significative. Seules restent les scènes d'interrogatoires, qui possèdent une construction intéressante. Le réalisateur a eu la bonne idée de filmer ces entrevues en longues séquences ininterrompues, rythmé par des dialogues assez efficaces. Ainsi, la pression psychologique exercée par les nazis sur Sophie Scholl grandit et devient palpable, rendant sa détermination de plus en plus intéressante.
Cette réussite provient sans doute du fait que ce biopic se base sur les véritables interrogatoires, comme il est précisé en début de film. Je ne sais pas à quel degré le réalisateur est proche de la réalité, mais je pense qu'on peut lui reconnaître une certaine honnêteté historique, et émotionnelle. Rothemund représente un pays divisé en confrontant les points de vue sans manichéisme et en exposant le fonctionnement du parti (la prison, le tribunal populaire nazi) sans tomber dans l'émotion facile (l'interprétation assez forte de Julia Jentsch joue beaucoup).
En somme, Sophie Scholl, les derniers jours propose une introspection du personnage principal intéressante, mais la mise en scène reste piégée dans un académisme fatiguant. Cela empêche le long-métrage d'être inoubliable, sans pour autant être désagréable. Idéal pour un cours d'allemand, en somme.