Série documentaire absolument fascinante, Soupçon suit le parcours d’un homme riche et respecté accusé du meurtre de sa femme ayant chuté dans l’escalier. Le pitch est élémentaire, le sujet connu, et les émissions sur la question sont légions.
Sauf que.
On se demande (et les bonus que je n’ai pas eu le temps de regarder le précisent sûrement) comment Jean-Xavier Lestrade, déjà oscarisé pour son autre doc « Un coupable idéal » a eu le flair de faire de cette histoire banale un sujet à filmer tant la folle suite lui donne raison.
Tout est incroyablement romanesque dans cette enquête : les découvertes sur le passé du présumé innocent, les rebondissements dans l’affaire et les différentes réactions de sa famille (d’une recomposition particulièrement complexe).
Six heures haletantes durant lesquelles le spectateur va côtoyer les stratégies et le travail d’orfèvre d’un avocat charismatique, et un suspect au charme d’une ambiguïté absolue. Reconstitution, maquettes, rôle assigné à chaque objet, étalage de la vie privée et plutôt secrète du prévenu, rien n’échappe aux avocats, aux procureurs et au réalisateur qui dissèque le tout avec un sens virtuose de l’équilibre.
Livré sans commentaire, laissant la caméra tourner sur certaines confidences ou vannes assez étonnantes, le film est un témoignage absolument remarquable de la machine judiciaire, du rôle des médias et des méthodes putassières des procureurs pour instaurer le fameux doute raisonnable chez les jurés.
C’est aussi la mise en place d’un regard qui nous rend presque malgré nous proche de cette personne dont on ignore le rôle véritable, et qu’on a véritablement l’impression de connaitre pourtant à l’issue du procès dont le dernier épisode atteint un climax rarissime dans le documentaire.
A voir absolument.