Grosse déception pour beaucoup de cinéphiles ayant bien connu la trilogie originale avant le premier épisode de cette prélogie, à titre personnel j'étais jeune au moment de sa sortie (7 ans) et incapable à l’époque de comprendre, même de percevoir, cette déception d'autant que le film a vraiment été conçu pour un jeune public, donc pour moi. Mais depuis j'ai grandi, en tout cas pas seulement physiquement je l'espère, me suis beaucoup intéressé à la franchise en règle générale et revoir le film avec un regard plus critique m'amène à rédiger cet avis.
Les tous premiers dialogues posent déjà un problème récurrent au film, Obi-Wan et Qui-Gon manquent de personnalité, l'un dans son rôle d'apprenti écoutant son maître, l'autre dans son rôle de maître dont l'autorité n'est jamais vraiment remis en question, ça ne marche pas très bien. L'empathie que j’ai pour Qui-Gon, plutôt bien interprété par Liam Nesson, est bien moins grande que pour le personnage d'Obi-Wan dans un nouvel espoir par exemple dans un rôle assez proche. Ce dernier était aussi un maître dont l’autorité n’était pas remis en question par son apprenti mais le personnage en lui-même était plus attachant à mon sens.
Arrivé sur Naboo après cette introduction pas très mémorable, les décors, certes très numériques, claquent bien et c'est pour moi un point fort du film car inédits dans la saga et vraiment impressionnants, que ce soit la ville subaquatique ou la cité aux architectures imposantes. Malheureusement il est clair que Jar Jar censé apporter une dose comique à la C3PO échoue dans ce rôle, sa disparition progressive dans la prélogie en est un aveu flagrant. En revanche, je dois avouer bien aimer le personnage de Padmé Amidala dans ce film (j'ai bien dit dans ce film), présentée comme jeune et naïve elle se révélera plus maline qu'en apparence avec son « double » et se battra à plusieurs reprises avec courage et adresse, ce qui en fait un personnage féminin assez fort dans la veine d’une Leïa Organa.
Le cœur de ce film c'est bien sûr la rencontre avec Anakin jeune pour comprendre comment il est devenu un jedi avec Obi-Wan pour maître. À l'époque, je me souviens très bien que j'adorais ce personnage puisque j'avais à peu près le même âge, c'était évidemment l'effet recherché pour plaire à un jeune public. La course de podracer est sans doute l'un des meilleurs passages du film, très intense bien que prévisible dans son dénouement. L'environnement de Tatouine fait un bel écho à la trilogie originale. Par contre, toute cette histoire de prophétie et de midi-chloriens qui ne sera jamais vraiment bien exploité par la prélogie était vraiment dispensable, c'est sans doute un point faible du scénario qui répond à des questions qui ne se posaient pas et dont les réponses sont bancales et sans grand intérêt (encore une fois dans cette prélogie).
La thématique de l'esclavage soulevée par ce contexte est à peine survolée avec un Qui-Gon beaucoup trop sage, « c'est dommage mais on peut rien y faire, à plus. » Heureusement, Darth Maul fait réellement son apparition sabre laser au point et déjà en impose par un mutisme (qui aurait peut-être gagné à être total puisque ses rares dialogues ne font pas beaucoup avancer le récit, on aurait pu contourner ça facilement) et une allure absolument géniale. Les zabraks c'est clairement mon espèce alien préféré de l'univers Star Wars au niveau de leur design, dommage que le personnage soit si peu développé dans ce film bien que convaincant dans la menace qu'il représente.
Mais Sidious, que ce soit sous sa forme « masquée » ou non n'a pas de charisme selon moi, Darth Maul représente une bien meilleure incarnation du mal à mes yeux, son regard malveillant face à la caméra, son agressivité pour seule action, la colère comme seule motivation apparente... et finalement c'est le manipulateur qui n'a aucun mal à duper son monde qui a cette charge. À titre personnel, je pense que le potentiel est là mais maladroitement exploité et j’aurais plutôt traiter la question comme ça :
On aurait pu imaginer par exemple que Sidious n'apparaisse jamais vraiment à l'écran, seul un Palpatine dont on voit un personnage politique qui cache mieux son jeu, une ou deux phrases de la part des dirigeants de la fédération du commerce évoquant une tête pensante au-dessus d'eux dont ils auraient peur, Darth Maul en Némésis qui tout du long traque les Jedis sans jamais prononcer un seul mot, le mystère planerait encore plus sur ses motivations, la menace fantôme serait réelle puisqu'on ne saurait ni quand ni pourquoi elle va frapper.
Survivant à son combat contre Obi-Wan qui aurait seulement réussi à le repousser, dans les films suivants on en apprendrait plus sur lui mais uniquement ce qu'on a besoin de savoir, exécuteur aux ordres d'un encore plus puissant seigneur Sith qu'on aurait pris par exemple pour Dooku et enfin révélation de ouf en fin de prélogie sur la véritable identité de celui qu'on connaîtra comme étant l'empereur, révélation amenée de façon plus subtile qu'en l'état mais ça j'y reviens dans ma critique sur la revanche des Siths.
Pour en revenir au film et non à mon imagination qui vaut ce qu'elle vaut, tout le passage sur Coruscant ennuie, en gros les bureaucrates sont inefficaces alors un opportuniste saisit l'occasion pour gagner en pouvoir par démagogie, ça vole pas très haut mais à la limite pourquoi pas ? Ce qui me dérange c'est surtout que c'est mal fait : l'enjeu de sauver Naboo n'a aucun impact puisque l'on ne fait qu'évoquer la possibilité de massacres très rapidement, les personnalités politiques comme Valorum sont parfaitement transparentes, la présentation du conseil des Jedis est trop vite expédiée (et Yoda ne ressemble vraiment à rien dans sa version originale)...
Pas grand chose fonctionne lors de ce passage, pourtant le faire découvrir en même temps que nous par les yeux d'Anakin et soulever des enjeux politiques avait là aussi un certain potentiel. Le retour sur Naboo est en dents de scie, si le retour du Jedi gérait très bien ses trois péripéties simultanées pour son final (bataille terrestre d'Endor, bataille spatiale autour de l'étoile noire et duel au sabre laser), là c'est moins le cas pour ses quatre péripéties. Anakin dans son cockpit démarre pas trop mal, prend vraiment de l'ampleur à un moment où les pertes s'accumulent et l'issue semble désespérée mais la conclusion manque d'épicness avec un « oups » qui n'a rien à faire là, imaginez Luke dire ça à la fin d'un nouvel espoir, ça serait juste ridicule.
La bataille entre les gungans et les droïdes de combat est parfaitement introduite avec cette armée marchant au pas sous la musique épique mais là encore est gâchée par un final sans impact, Jar Jar désamorçant toute tension, les pertes Gungan jamais bien mis en scène (rien à voir avec les Ewoks par exemple), le côté ridicule de la mise hors-service des droïdes... L'infiltration de Padmé dans le palais est correct mais sans plus, le vice-roi Gunray n'étant pas un antagoniste que l'on veut vraiment voir tombé, il aurait fallu pour ça adopter un ton plus mature en montrant un minimum ses crimes sur la population par exemple.
Le duel au sabre laser magnifie Darth Maul avec Duel of the Fates parfaitement incroyable, le double sabre laser est une assez bonne idée pour mettre en avant les talents du Sith, l’arène assez originale amène les 2 Jedis à se retrouver séparés l’un de l’autre pour renverser la situation... mais l'issu est une fois de plus sans grandeur, même légèrement ridicule dans la forme en plus d’être discutable dans le fonds. Cette dernière idée s’appliquerait d’ailleurs assez bien à l’ensemble du film par ailleurs.
Si je connais ce film par cœur, l'adorais quand j'étais jeune, je vois très bien aujourd'hui ses nombreux défauts et il faut bien admettre que l'on pouvait espérer bien mieux sur bien des points, notamment sur cette menace fantôme qui manque de mystère. Ça n'en fait pas un des films que je déteste comme certains, loin de là et il conserve des qualités appréciables peu importe le regard que je lui porte (décors, musiques, scènes d'action, personnages...). De plus, il n'est pas selon moi le moins bon de la prélogie, ça c’est le traitement que je réserve à L’attaque des clones.