Messieurs les quadras et vos homologues trentenaires, je vous prie en ce jour de lire attentivement ce plaidoyer. Même s’il repose sur cet étron intergalactique qu’est la prélogie Star Wars - que vous abhorrez ou que vous avez peut-être tout simplement décidé d’effacer de votre mémoire conservatrice - il est parfois bon de passer au-delà de la haine profonde que vous ressentez vis-à-vis de ce cher Jar Jar Binks et de lire ce que l’opposition a à dire.
La menace fantôme – comme le reste de la prélogie – a marqué mon enfance. Hélas trop jeune de quelques misérables années pour avoir eu l’occasion de voir cet opus dans une salle obscure, il représente néanmoins l’un de mes premiers souvenirs de cinéma, l’une des premières fois où j’ai été scotché devant un écran, émerveillé par toutes ces explosions, ces mondes surréalistes que sont Coruscant et Naboo.
La question générationnelle rentre donc clairement en ligne de compte, j’ai grandi avec la prélogie, j’ai vu des dizaines de fois chaque épisode, j’ai parlé des heures et des heures dans la cours de récré du général Grevious, rejouant parfois des dialogues qui malgré leur piètre qualité sonnaient comme les instants les plus cultes que moi et mes camarades n’avions jamais vu.
Alors certes, la trilogie originelle est objectivement meilleure et offre des instants des plus épiques et L’Empire contre-attaque trône même honorablement dans mon Top 10. Mais La menace fantôme a aussi ses qualités : la course de modules qui tient en haleine pendant plusieurs minutes sans une once de musique, une musique d’un compositeur qu’on ne présente plus, les décors de la ville Naboo et l’intense bastonnade finale entre un duo de jedis et une incarnation du mal moins emblématique que Dark Vador mais ayant tout de même une classe remarquable dans ses chorégraphies, le bien contre le mal.
Non, ça ne rattrape pas l’interprétation parfois plus que moyenne, les gags de très bas niveau tournant autour de Jar Jar Binks et les dialogues médiocres mais l’univers a tout de même sa magie et la place qu’il a eu dans mon enfance suffit à l’élever au rang de bon film, n’en déplaise à mes ainés.