Après quatre longs-métrages, Martin Scorsese signe l'un de ses films les plus marquants avec cette histoire nihiliste, sombre au possible et désenchantée d'un chauffeur de taxi errant dans les rues sales de New York, écœuré par cette populace dépravée qui ne vit que dans le sexe, l'alcool et la drogue. Un homme seul voué à être seul qui, en dépit de sa bonne volonté, se voit constamment rejeté par cette société qu'il ne comprend pas. Mais Travis Bickle va prendre les choses en mains... Scorsese, c'est l'anti-Woody Allen, son double maléfique, son ombre.


Tous deux aiment New York, leur ville, mais alors que le petit binoclard propose des plans bouleversants autour de comédies romantiques, Scorsese préfère en dévoiler la face sombre, celle que l'on n'a pas forcément envie de voir : les bas-fonds, les quartiers glauques, les gueules patibulaires, les putes et leurs maquereaux. Cette ville, Travis Bickle, ex-marine débarqué fraichement employé dans une agence de taxis, en a ras le bol, il n'en peut plus, il l'abhorre, la vomit. Il sillonne les rues, impuissant, prenant au passage des clients tous plus tordus les uns que les autres.


Parallèlement, il essaie de s'intégrer à cette vie merdique en séduisant une belle activiste pour le futur président. Mais Travis est un maladroit, un paumé et le rêve américain glisse entre ses doigts. Pourtant, cet énigmatique personnage reste passionnant, il est au cœur du métrage au même titre que la ville elle-même que filme avec amour un Martin Scorsese inspiré. À l'état brut, Taxi Driver est une rareté de la pellicule, un film comme on en voit peu qui ne possède aucun défaut si ce n'est les aléas du temps. Et encore...


Musique immersive, cadrages parfaits, scénario évolutif prenant, violence omniprésente (même si elle n'est pas forcément immédiatement visible), final de dingue, séquences cultes, interprétation de choc (Robert De Niro dans la plus impressionnante performance de sa carrière, Jodie Foster qui nous met une baffe du haut de ses douze ans). En somme, une perle rare du vigilante movie qui ne pouvait être réalisé que par Scorsese, interprété incarné par Robert De Niro et tourné dans les années 70.

MalevolentReviews
8

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le 5 avr. 2019

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