Étonnant film que The Canadians, réalisé en 1961 par un Burt Kennedy alors débutant. Curieux en effet, car il s'agit d'un rare western canadien, mettant en scène un épisode des premières heures de la Police montée du Nord-Ouest, devenue par la suite la Gendarmerie royale du Canada. Une force mondialement célèbre pour ses chatoyants uniformes écarlates...
En 1876, dans la foulée de l'anéantissement des troupes du général Custer à Little Big Horn, les Sioux, pressés par le reste de l'armée américaine, migrent vers le nord. Au nombre de 6000, ils franchissent la frontière et se réfugient dans le sud de la Saskatchewan. Ils sont rapidement repérés par les Tuniques rouges...
Le commandant de la police montée, qui comprend 300 hommes seulement, envoie l'inspecteur William Gannon (Robert Ryan), le sergent McGregor et le constable Springer pour négocier. "Je préfère perdre trois hommes que trois cents", dit-il. Le but de la mission ? Faire savoir aux Sioux qu'ils sont les bienvenus, à condition de respecter les lois du dominion. Gannon leur fait même don de munitions afin qu'ils puissent chasser le bison et se nourrir. Mais, prévient-il, "si je retrouve une seule balle dans le corps d'un Blanc, si un seul coup de feu est tiré sous le coup la colère, vous serez punis". Condition acceptée par le chef Four Horns, évidemment.
Mais Frank Boone, un éleveur de chevaux du Montana, a lui aussi traversé la frontière pour récupérer quarante de ses bêtes échappées. Accompagné de trois porte-flingues, il croit les avoir retrouvées dans un campement sioux... La bande fond sur les tipis, décime les Indiens et kidnappe une jeune femme, une Blanche en qui Boone reconnaît "la fille d'un voisin", capturée cinq ans plus tôt. Les trois Red Coats réagissent promptement en capturant les malfrats, et les emmènent à la ville la plus proche (à une semaine de là !) pour y être jugés, et vraisemblablement pendus.
Après quelques sermons magnifiques de candeur sur la différence entre "ce côté-ci de la frontière et le vôtre" ("Chez nous, la loi est arrivée la première, et c'est pour ça que les civils ne portent pas d'armes", professe le naïf constable), les malfrats parviennent à déjouer la vigilance de leurs gardiens, et s'enfuient vers le sud. Interceptés par les Sioux, ils finiront leur carrière piétinés par leurs propre chevaux, leurs corps disloqués au pied d'une falaise...
Malgré son scénario classique, pour ne pas dire basique, The Canadians est néanmoins un honnête western, qui vaut avant tout pour son côté historique, mais aussi pour les magnifiques paysages des Cypress Hills de la Saskatchewan, et enfin pour l'interprétation juste, à défaut d'être brillante, de Robert Ryan. Une curiosité.