Père, Mère, Frères.
Mai 2011, festival de Cannes, The Tree of Life, les avis ont étaient plus que partagés à propos de ce film, d'un coté nous avions le public qui criait au somnifère et d'un autre au génie, personnellement je fais parti du deuxième groupe, s'endormir devant un tel film est inconcevable pour moi, sauf si on est levé depuis un moment. Je suis du coté des gens qui voient ici une merveille absolue, car c'en est une tout simplement.
C'est mon deuxième visionnage du film, j'avais hâte de le revoir car mes souvenirs étaient flous, et quand une chaîne vous propose un tel film en haute définition et en version originale il est impossible de cracher dessus. J'ai bien fais de l'avoir revu car j'avais oublié un bon paquet de choses, les mots pour décrire un tel film sont peu nombreux, les traditionnels: époustouflant, majestueux, parfait, incroyable et j'en passe sont bien trop faibles, bien trop connus, non ici il n'y a clairement aucun mot possible à trouver.
Je vais bien en placer dans la critique des mots comme j'ai cité mais il faut savoir qu'ils ne seront pas à la hauteur de ce que je pense, il est impossible de mettre des mots sur ce que je pense vraiment, même en vidéo ça serait encore trouble.
A l'époque ce fut mon premier Malick, depuis j'ai vu ses autres films et on peut dire que celui ci est un début difficile pour une filmographie, commencer par un film si abstrait et lent peut décourager, d'ailleurs il a du le faire à de nombreuses reprises, moi non, autant la lenteur du "2001" de Kubrick m'a achevé autant ici elle est d'une telle densité et d'une telle beauté qu'il est impossible de s'ennuyer.
Après les avoir tous vu je peux affirmer que je préfère à la différence de beaucoup sont après "Le Ligne Rouge", j'inclus évidement ce dernier dans "l'après", ses deux premiers films ne m'ont pas emballé plus que ça alors que les suivants sont tous très fort et passionnant.
"The Tree of Life" nous fait suivre les souvenirs d'enfance de Jake, un homme enfermé dans une société peu passionnante perdu au beau milieu d'immeubles gigantesques, il se remémore les bons et moins bons moments de son enfance, notamment ceux avec son frère qui décédera à 19 ans.
Malick comme à chaque fois nous plonge dans une narration qui joue énormément sur l'image, sur la contemplation, les dialogues sont la plupart du temps récités par des voix off, et comme le monsieur ne fait jamais les choses à moitié, en plus des souvenirs de Jake, de son père très dur et droit, de sa mère aimante et protectrice et de ses frères adorés, on découvre également la naissance de la vie sur terre.
Terrence se fait un plaisir énorme avec ce film, il mélange le début de la vie, l'enfance, l'amour, la famille, le souvenir, la souffrance et tout cela à travers une mise en scène exemplaire et une réalisation impeccable, oui ces mots ne sont pas assez fort je sais. Mais en tout cas niveau réalisation il m'a mit de nombreuse fois sur le postérieur bien que j'étais déjà assis, ses cadrages sont mémorables, que ce soit les plans fixes ou sa manière d'aller au plus près de ce qu'il film, j'avais presque l’impression de voir de la 3D tellement sa réalisation est immersive et captivante.
Techniquement ce film ou plutôt cette oeuvre est irréprochable, la partie qui dure une dizaine de minutes voir plus où l'on découvre la naissance de la terre et ensuite de la vie est d'une beauté sidérante, ça a du en ennuyer plus d'un mais moi j'osais à peine cligner des yeux, la première fois d'ailleurs je ne pensais pas du tout voir des dinosaures dans ce film, on les voit pas longtemps mais c'est plutôt agréable de voir ce genre de petite chose. Les effets spéciaux sont d'ailleurs superbes, les séquences sur l'espace, la lave, etc... c'est encore plus dingue qu'un documentaire, d'ailleurs ça rappelle qu'il bosse depuis un moment sur un docu tournant autour de la terre, "Voyage of Time", j'ai même lu que certains rushs du film "L'arbre de vie" seront inclus dans le documentaire, ce qui promet du beau spectacle.
J'ai également lu que le montage initial du film ne faisait pas moins de 8 heures, Malick n'est pas du genre à suivre un scénario à la lettre, il se laisse souvent guidé par son instinct, ce qui est une bonne chose à mes yeux. Bien que l'on ne verra jamais ses 8 heures, tant mieux pour certains, tant pis pour d'autres il travaillerait tout de même sur une version de 6 heures qui devrait sortir dans le commerce, mais avec cet homme on ne sait jamais quand sortira tel ou tel projet car il ne fait jamais d'interview, il n'aime pas ça.
J'attend du coup toujours ses "Knight of Cups", "Voyage of Time" et je l'espère son montage de 6 heures de "The Tree of Life".
Quand on voit des durées de 8 ou 6 heures les 2 heures 20 du film font un peu timide à coté, voilà pourquoi certains trouveront ça brouillon ou fouillis, le film est en quelque sorte disposé en deux parties, une première plus contemplative et visuelle et une seconde plus portée sur les personnages et leurs relations, le changement est assez difficile et brutal mais les deux parties se complètent et sont captivantes. L'histoire en elle même est on ne peut plus belle, réfléchie et bien évidement poétique, cela va de soit, c'est du Malick tout de même, et puis les sujets décrits sont nombreux: la famille, la relation, l'enseignement, le souvenir, la perte d'un être cher et bien d'autres, l'oeuvre est très complète même si je ne doute pas qu'une version plus longue viendra enrichir et compléter le tout.
Outre tout cela, une histoire riche et passionnante, une image qui en haute définition est à contempler sans modération, une mise en scène attentionnée et soignée, nous disposons également d'une bande son, et surtout une bande son, comme les dialogues ne se bousculent pas au portillon il faut de la musique et le bonhomme est très précis de ce coté. Pour accompagner de si belles images rien de mieux que de la musique classique évidement, le célèbre compositeur Alexandre Desplat s'occupe de la partie originale mais d'anciens morceaux déjà existants sont également de la partie, ce qui offre un mélange sublime entre images et musiques somptueuses.
Coté casting comme d'habitude Malick s'entoure de grands talents en la présence d'un Brad Pitt dur et véritablement incroyable, d'une Jessica Chastain qui rien que par sa présence enrichie l'image, c'est d'ailleurs ce rôle qui lui ouvrira les portes vers d'autres grands films, et pour la troisième tête, elle est déjà connue de l'univers Malick puisqu'il s'agit de Sean Penn qui tenait un rôle dans "La Ligne Rouge", son interprétation est fabuleuse pour un rôle si profond et métaphorique, les trois gamins sont vraiment impressionnant, même ceux qui les jouent plus petits, Hunter McCracken, Laramie Eppler et Tye Sheridan qui plus tard se retrouvera dans deux autres magnifiques films "MUD" et "Joe".
En bref, cette aventure inédite et rarissime ne récoltera malheureusement que la palme d'or à Cannes et quelques autres petites récompenses, mais aucun oscar, dommageable mais on s'en remettra.
Malick livre ici un bijou riche et brillant que j'espère voir un jour dans sa version longue pour encore plus de profondeur et d'images sidérantes.