The Truman Show. Je pense que la moitié de la planète a vu ce drame où on a fait une découverte : Wow ! Jim Carrey dans un rôle dramatique ! C'est tellement rare ! Moi, la première fois que je l'ai vu bah... je n'avais pas accroché. Mais bon, je lui ai quand même laissé sa chance car depuis, il a incarné bien d'autre rôles dramatiques dans Man of The Moon (que je vous recommande sans hésiter) et Nombre 23 (que je n'ai pas vu). Cela dit que dire du Truman Show ? Et bien finalement, c'est une vraie claque.
Peteir Weir au commande
Je tiens juste à prévenir. Ce qui m'a fait détacher du film au début, c'est la réalisation avec laquelle je n'avais pas accroché. Trop propre trop commune trop déjà vu. Mais c'est justement le but. Truman vit dans un monde fabriqué et idyllique. Un monde propre, sans souillure. Et il y a un énorme contraste entre le monde de Truman et le monde réel. Le monde de Truman est soignée avec une photographie vraiment claire dans la grande majorité des cas alors que le monde extérieur se fait avec une photographie un peu plus sombre et plus "réaliste". C'est un film de science fiction, mais par défaut. L'important n'est pas la forme mais le fond. Mais malgré ça, la forme se met au service du récit et c'est la marque des réalisateurs qui compte (En même temps c'est Peter Weir). Mais bon, ce n'est pas la réalisation qui a marqué le film n'est pas, ce sont les personnages, dont 1.
The Jim Show
Truman Burbank (Jim Carrey). Oui on va s'attaquer à du lourd. Dire qu'il fait du Jim Carrey dans ce film est...vrai. Oui il fait du Jim Carrey. Cela dit, faire du Jim Carrey dans ce film est-ce préjudiciable ? Non ! C'est son style de jeu et cela marche très bien dans ce film ! Il est toujours aussi attachant avec sa bonne humeur communicative. Et ce n'est pas quelqu'un de foncièrement Candide. Il est conscient que quelque chose ne tourne pas rond dans sa vie. Et malgré sa vie idyllique, il est toujours marqué par le souvenir de Lauren et veut la rejoindre aux îles Fidji (le pauvre s'il savait). Bientôt il commence à voir les failles de son monde dans de petites choses en même temps que nous voyons les failles, alors qu'on sait dès le départ que tout est faux et scénarisé ce qui n'est pas mal.
Christof (Ed Harris) est aussi incroyable comme à son habitude. Il joue un homme tellement détestable que s'en est magnifique. Il est a l'image d'un réalisateur impitoyable sans émotions qui ne voit que le potentiel commercial. Il utilise ses talents de mise en scène pour mieux manipuler le Show et le monde qu'il a créé. Même vers la fin, ses proches collaborateurs voient en lui son vrai visage plus impitoyable. Il est même à l'image d'un dieu impitoyable devant sa création. Mais on y reviendra plus tard.
Les autres personnages sont plus ou moins importants selon les cars. Comme les 3/4 sont des acteurs, on voit qu'ils sont plus importants en tant que personnages fictifs du Show. Ils sont plats mais volontairement plats. Bref, ce qu'on pourrait reprocher comme un défaut sert à merveille le film. Seuls les personnes du staff sont plus ou moins exploités (à l'image de Paul Giamatti qui joue le rôle de Siméon). Et c'est aussi pareil pour Sylvia (Natascha McElhone), le seul véritable amour de Truman et la seule qui a développé de vrais sentiments pour lui, au point de ne plus jouer un rôle. Même ses interactions avec Christof sont grandioses quand elle tente vainement de le ramener à la raison.
L'Allégorie de la Caverne et de la Télé-Réalité
Pour ceux qui ne sont pas familier avec la philosophie, l'Allégorie de la caverne met en scène des hommes enchaînés et immobilisés dans une demeure souterraine qui tournent le dos à l'entrée et ne voient que leurs ombres et celles projetées d'objets au loin derrière eux. Elle préfigure que l'être humain normal dans le monde où on vit n'existe pas et que nous sommes des projections de nous même dans un monde sensible (demandez à Platon pour plus d'explication). Ce film est une véritable adaptation de cette allégorie avec Truman qui est la projection du spectateur. Seulement voilà contrairement aux personnages de l'allégorie de la caverne, il veut trouver une sortie dans un monde où il voit de plus en plus les imperfections (en plus les maladresses des acteurs l'aident bien). Et lorsque le public voit à quel point il se débat, il veut de plus en plus le voir réussir. Et tout s'éclaire à la fin :
A la fin il parvient à tromper son monde et essaye d'aller au Îles Fiji, malgré le fait que Christof tente de l'en empêcher en déclenchant une tempête. Mais sa détermination lui a permis de traverser la tempête et d'arriver au bout du monde. Et après une conversation avec Christoph dans lequel il explique qu'il tente de le persuader qu'en dehors du monde qu'il a créer, il ne pourra pas s'en sortir, Truman dit en souriant à son public sa célèbre phrase : "Je vous souhaite une bonne journée, une bonne soirée et une excellente nuit !"
La dernière scène dit tout. Truman a traversé les épreuves et gagner sa liberté, quitte à mettre en danger le monde que Christoph a créé et le public à exploser de joie et...cela me pose un gros problème.
Un film qui me rend triste sur son héritage
Ce film est un chef d'oeuvre de comédie dramatique. Bien réalisé, bien interprété, il possède le même sens de lecture qu'un petit film sorti l'année suivante ... un certain Matrix. Seulement, c'est un film que le public n'a malheureusement pas compris le message ou a fermé les yeux sur son message. En effet car devinez quel film est apparu l'année suivante ? En direct sur Ed Tv qui reprend presque le même concept mais le tourne de manière comique et assez léger. Bon cela aurait pu en rester là si en 2000 est apparu un véritable poison. La Télé-Réalité. C'est strictement le même concept du film et ce dernier est quasiment un reflet miroir de ce genre de programme et de ses dérives. Et pourtant, Peter Weir avait tout dit de ce film, entre le public fanatique, des producteurs et réalisateurs toujours en quête d'aller trop loin, quitte à risquer la vie de Truman (ou des participants), des détracteurs qui voient en ses programmes tout le coté pervers et le plan final ou on voit le public, arrivé à une conclusion qu'il s'agit d'un programme. Ce film a carrément prophétisé la Télé-Réalité et ses dérives (demandez à Loana pour plus de précision). Bref, alors qu'à l'époque, ce film était une allégorie intelligente de la caverne et une métaphore au sujet des rapports de Dieu et l'Homme, maintenant il est carrément devenu un pamphlet anti-télé-réalité, comme si les parents disaient ne pas jouer avec le couteau et que les enfants tout bêtes décident de se couper avec. Et ça fait 16 ans que ça dure. Oui, c'est un peu triste. En tout cas, je le recommande sans hésiter et peut être qu'un jour la télé-réalité disparaîtra. Un jour.
Version fun de la critique ici