(spoils) Je suppose qu'en associant la dévotion et la sainteté à la prostitution, l'énigmatique Breaking the waves était une provocation à l'encontre des chrétiens traditionalistes ; et s'appropriait le thème de Sandakan 8, où une jeune fille se sacrifiait en acceptant d'être achetée pour atténuer la misère de sa famille, poursuivant son activité de prostituée bien après avoir racheté sa dette afin de payer une maison à ceux restés au pays.
Mais l'ostracisation qu'elle subissait en retour reflétait le comportement général des Japonais à l'égard des "impurs", dont ce film illustre un autre exemple.
Suivant la recommandation du premier congrès international sur la lèpre en 1897, le Japon a enfermé manu militari des dizaines de milliers de personnes dans des colonies de 1907 à 1996 (leur imposant même le travail forcé?), continuant bien après que les autres pays eussent abandonné cette pratique.
Kei Kumai aborde ce sujet de société, sans oublier, cerise sur le gâteau, le mauvais diagnostic d'un "grand médecin" manipulateur et veule complice de cette politique. Puisque parquer les gens fut l'une des manies du XXe siècle.
Ici, la figure de sainte est rendue explicite par la place attribuée à la croix, comme par le nom du sanatorium - où travaillent des ''soeurs''. Une liste confirme cette impression en m'apprenant que ce film est adapté de l'auteur de Silence (sur le sort de missionnaires chrétiens au Japon). Le christianisme n'est d'ailleurs pas étranger au reste de la filmographie de Kumai.
Alors que l'ancienne employée du lupanar Sandakan 8 subissait son isolement (et finissait par s'identifier à son statut de paria, et à adopter les valeurs qui la stigmatisaient), la vie de réclusion résulte ici du choix libre de se mettre au service des "intouchables".
Il est significatif qu'au cours du récit le besoin d'aimer parte du particulier pour finalement se consacrer à un groupe, remarquablement défavorisé en la matière.
Et c'est tant mieux, car la brume ni les courants d'air ne réchauffaient l'atmosphère ni le coeur de ces réprouvés (snif - c'est rien j'ai le nez qui coule).
Pourtant, le film se clôt en boucle, sur un chemin de solitude...
Plus commun.
https://ciomal.org/en/unsettling-history-leprosy-japan/