Sacrifices de poulet
Après la déception à la sortie de 10 Cloverfield Lane, et son impression d'occasion manquée, reprendre un ticket de cinéma pour Triple 9 a de quoi faire plaisir tout en redonnant la foi. Car John...
le 16 mars 2016
31 j'aime
7
Quand on y pense, un film de braquage, ça peut facilement faire illusion : une mise en scène nerveuse, une bonne musique pour maintenir la pulsation, quelques twists, des personnages torturés, on saupoudre de femmes, de balles, de macchabées, et le tour est joué.
Le cahier des charges est appliqué ici à la lettre, et il suffit de brandir la référence ***Heat*** pour exciter les radars. Même Le masque et la plume, sur lequel je suis tombé un peu par hasard la semaine dernière, défendait le bouzin, et comme certains avaient au préalable affirmé de bien belles choses sur ***Midnight Special***, je me suis laissé convaincre.
Il faut bien reconnaitre que **John Hillcoat** n’est pas le dernier des tâcherons, et qu’il maitrise souvent son sujet, notamment dans le braquage d’ouverture, et particulièrement dans ses suites : le marquage des billets au fumigène rouge à l’intérieur de la voiture est efficace, ainsi que la fusillade qui s’en suit.
La convergence des récits vers un double enjeu (provoquer la mort d’un flic, le fameux code 999, pour détourner l’attention du braquage) comporte aussi son petit lot de tension, et le montage parallèle avec ses diverses complications est plutôt habile. Reconnaissons qu’on ne sait pas trop où on va, ce qui dans un thriller peut s’avérer une bonne chose.
Mais pour en arriver là, il aura fallu souper d’un bouillon dispensable. Galerie de personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres, au premier rang duquel trône Woody Harrelson (« j’ai un accent patate chaude, je récupère des spliffs dans les poubelles mais je suis un daron de flic »), suivi de près par **Aaron Paul** (« je suis torturé, j’ai les yeux rouges, je me shoote et je gère pas la mauvaiseté humaine, oui oui, je faisais déjà ça dans Breaking Bad ») et d’une kyrielle de guys qu’ont des balls, face à la mafia judéorusse, et aux gangs latinos.
Histoire de justifier qu’on se mouille jusqu’aux couilldes dans ces braquos plus que foireux, ajoutons un gamin, une parraine qui ferait flipper Eva Braun (**Kate Winslet**, maquillée comme la voix de **Renaud** dans son dernier single), et des enjeux tragiques tu vois : si tu veux voir ton fils, tout ça.
Les ripoux, la ville la nuit, les bombes, les parkings, les cagoules, les sirènes, tout le folklore est bien convoqué. S’en plaindre serait un peu malhonnête dans la mesure où c’est ce qu’on était venu chercher. Mais de là à y voir une réussite imparable dans le genre, il y a aussi long à parcourir que du coffre-fort à la rue un jour de forte affluence.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Policier, Gangster et Les meilleurs films avec Kate Winslet
Créée
le 28 mars 2016
Critique lue 2.1K fois
60 j'aime
13 commentaires
D'autres avis sur Triple 9
Après la déception à la sortie de 10 Cloverfield Lane, et son impression d'occasion manquée, reprendre un ticket de cinéma pour Triple 9 a de quoi faire plaisir tout en redonnant la foi. Car John...
le 16 mars 2016
31 j'aime
7
Triple 9 est un très bon film. Un bon polar/thriller bien kiffant où les 2h filent vite pour ma part. Même si l’ensemble se veut quelque peu alambiqué, pour autant à aucun moment l’on ne décroche et...
Par
le 28 mars 2016
23 j'aime
6
Ah, on l’attendait celui-là. Fort d’une communication habile, à grand renfort de parallèles établis avec l’indétrônable Heat au rang des films de braquage, Triple 9 semblait s’imposer comme le film...
Par
le 16 mars 2016
20 j'aime
1
Du même critique
Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...
le 6 déc. 2014
773 j'aime
107
Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...
le 14 août 2019
714 j'aime
55
La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...
le 30 mars 2014
616 j'aime
53