Sacrifices de poulet
Après la déception à la sortie de 10 Cloverfield Lane, et son impression d'occasion manquée, reprendre un ticket de cinéma pour Triple 9 a de quoi faire plaisir tout en redonnant la foi. Car John...
le 16 mars 2016
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Après la déception à la sortie de 10 Cloverfield Lane, et son impression d'occasion manquée, reprendre un ticket de cinéma pour Triple 9 a de quoi faire plaisir tout en redonnant la foi. Car John Hillcoat, c'est les excellents souvenirs que m'avaient laissés des oeuvres comme La Route et Des Hommes Sans Loi, ou encore The Proposition, western tout aussi dégraissé que crépusculaire.
John Hillcoat récidive dès les premières minutes de son nouvel effort en frappant le spectateur pour ne presque plus jamais le lâcher, au cours d'un braquage spectaculaire et d'une fuite motorisée violente et inspirée. Triple 9, plus qu'un énième film de braquage, est avant tout une plongée dans les bas fonds, dans lesquels évoluent des personnages dessinés à l'encre noire de la corruption et de la compromission. Triple 9 est un théâtre où voisinnent pourris, mafieux, mercenaires et ce qu'il reste d'une police plongée dans un enfer urbain aux accents de guérilla.
Sombre, tranchant, palpitant, John Hillcoat creuse un peu plus le sillon de ses thématiques de prédilection, entre rapports familiaux conflictuels, comme chez les Bondurant, sacrifice, identique à celui consenti sur La Route et sens de la tragédie inéluctable. Triple 9 adopte les oripeaux implacables de la série noire avec, en guise de tsarine impitoyable une Kate Winslet qui, si elle ne prend pas les armes, demeure aussi dangereuse que vénéneuse dans un rôle froid qu'elle n'a pas souvent abordé. Le reste de la distribution est au diapason, chacun, Anthony Mackie ou Casey Affleck en tête, portant la moralité plus ou moins trouble de son personnage avec justesse.
Emotionnel, tendu, Triple 9 prend le spectateur à la gorge et le fascine, en action et en confrontation de figures regardant en face leur part sombre. Cette dernière est contamment baignée d'une couleur écarlate : celle des néons, des flashs intermittents ou du sang qu'ils ont sur les mains ou coulant sur leur visage.
Il faudra vraiment faire la fine bouche pour ne pas apprécier la richesse et la rigueur de Triple 9, son appoche viscérale et son sens du spectacle en environnement constamment hostile. La réussite de John Hillcoat est quasi totale, seule la dernière ligne droite du film stagnant légèrement et de manière indéfinissable dans ses enjeux. Un minuscule défaut qui n'entame à aucun moment le plaisir éprouvé.
Behind_the_Mask, qui crache ses cartouches.
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le 16 mars 2016
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