Après le brillant "It follows" (déjà culte selon moi), D.R. Mitchell confirme tout son talent avec cette exploration d'un Hollywood halluciné, mélange du meilleur de De Palma et de Lynch.
Depuis quand n'avais-je plus rencontré de film avec une telle ambition et une telle générosité, à la fois narratives et esthétiques? (et aussi une telle prise de risque, qui fait que cette œuvre complexe n'est, de toute évidence, pas appelée à faire l'unanimité et en rebutera forcément certains, comme tout film à codes...)
Étourdissant le spectateur sous une véritable avalanche sémiotique et référentielle (tout l'Hollywood tel que rêvé à travers le cinéma américain au fil des décennies est convoqué ici), variant les styles à l'envi (de la comédie à l'horreur, du portrait sociétal satyrique au thriller le plus noir), j'ai vu en particulier en ce film, avec sa narration à plusieurs niveaux, une réflexion méta-narrative, ou encore mieux une exploration réflexive et labyrinthique de la part profonde prise par le fantasme et la paranoïa dans l'émergence de toute fiction. En cela, "Under the Silver Lake" va à mes yeux bien au-delà d'un simple jeu cinématographique sur l'état mental de son personnage principal.
Néanmoins, au moins un second visionnage me sera sans aucun doute nécessaire pour bien appréhender toute la richesse de ce "lac d'argent".
Le film n'atteint cependant pas la note parfaite en ce qui me concerne car j'avoue ne pas être totalement fan de l'acteur principal ; par ailleurs, il y a tout de même quelques légères longueurs et lourdeurs qui auraient pu sans doute être évitées, et le film aurait gagné il me semble à faire un quart d'heure de moins.
Mais que ces bémols ne vous détournent pas d'un film important.