-Si je ne m'étais pas enfuie tous les deux nous serions pas là.
- Alors tu ne serais pas celui que tu es. Tu avais raison personne ne devrait vivre ainsi. Les autres sont libres grâce à toi. Les choses ont changés à tout jamais grâce à ce que tu as fait.
-J'ai échoué avec toi.
-Non mon amour, tu n'as pas échoué avec moi. Ce sont mes choix qui m'ont conduite ici pas les tiens. Je t'assure. Tu as dit toi-même que tu voulais prendre des risques pour moi, et moi pour toi, pour nous.



Lorsqu'on regarde Underworld 3: Le soulèvement des Lycans, on ne peut que remarquer à quel point cette saga a fait du chemin depuis le 1er opus. D'une simple idée de départ sur un film de loup-garou entre Len Wiseman et Kevin Grevioux, ceux-ci vont créer un projet très ambitieux qui influencera le monde cinématographique fantastique du genre. Que cela plaise ou non Underworld aura apporté une nouvelle dimension aux créatures de la nuit.


Le film est réalisé par le français Patrick Tatopoulos (sa seule réalisation) qui fait partie de l'aventure Underworld depuis le tout début en tant que décorateur pour finalement devenir réalisateur du troisième film, un joli parcours. Surtout que celui-ci réussi parfaitement à remplacer Len Wiseman le cinéaste des deux premiers chapitres (ici producteur), tant il a su s'imprégner de cette fable gothique si particulière pendant toutes ces années de participation.


Avec son scénario maîtrisé Underworld 3: Le soulèvement des Lycans réussi à revisiter la saga en adoptant cette fois-ci le point de vue des Lycans. L'histoire ne se centrant plus autour d'une héroïne vampire. Cela confère une légitimité au long-métrage se suffisant parfaitement à lui-même, apportant une base de premier ordre ouvrant de vastes horizons qui devient primordiale au mythe, ne se contentant pas que de reproduire ce qui a déjà été fait.


L'ampleur de ce récit surpasse celles deux premiers films réunis par une abondance dramatique et bouleversante. Une tragédie romantique violente.


L'histoire se renouvelle dans une origine où les loups-garous ne sont plus en arrière-plan. Avec Underworld 1 et sa suite Évolution on a entrevu le passé révélant un lourd passif marquant le temps à jamais qui cette fois-ci est le moteur principal du récit. On ne nous raconte plus l'histoire de cette guerre faisant rage depuis des siècles, on la vit au premier plan.


La technicité est un régal au niveau du design de son enveloppe. L'environnement principal constitue un choix judicieux. La froideur d'un monde obscur en adéquation avec les créatures qui la peuple avec un filtre de couleur noire magnifié par la lueur bleuté de la lune ainsi que du rouge sang. La décadence, la richesse et les privilèges définissant remarquablement bien les vampires et des Lycans vivants en cage dans des conditions d'esclavages dures aux traitements rudes.


Le château berceau de la première civilisation vampire est visuellement superbe, construit à flanc de montagne dans un style inspiré de monastères géorgiens. Une chapelle faisant office de salle de trône à Viktor dans un style aussi lugubre que tape-à-l'oeil avec son lot de gargouilles représentant des cadavres, dont des motifs en pierres brutes très visible symbolisant le règne des 3 Aînés ainsi que de Corvenus.


Pour peu que l'on soit attentif, une multitude de détails gravés dans la roche par des symboles aux motifs anciens est à notifier. Que ce soit le long des murs, autour des portes, dans les lucarnes, jusqu'aux armes rien n'est laissé au hasard. On se retrouve face à des inspirations chrétiennes, Celtes, Turc avec une touche gothique nuancant impeccablement le tout. Du beau travail que l'on doit à Dan Hennah le directeur artistique qui a fait un travail minutieux et parfaitement ciselé.


Les origines vampire et Lycan y sont sublimés.


Les costumiers ainsi que les maquilleurs ont faits un travail fantastique, d'une richesse surprenante. Les Lycans sont encore mieux faits dans une approche plus personnelle où tous ont des têtes différentes, un choix subtil. Ils sont plus menaçants et imposant dans ce troisième film.


L'armure des vampires pète la classe surtout celle de Viktor dans un style sophistiqué lugubre et flippant. Pour les deux espèces, que ce soit dans leurs costumes de pourvoyeur de morts ou dans celui de la vie de tous les jours, les coupes sont subjuguantes avec des finitions méticuleuses rendant à l'écran un décor époustouflant.


Une richesse architecturale magnifiquement influencée par les éclairages rendant un visuel crédibilisant la saga alliée à des conceptions de costumes sublimes.


Niveau action changement de style, finis les affrontements aux armes ultra-technologiques et bonjour au fer du glaive et de l'épée. Une danse funèbre convaincante dans une violence bien cadrée associant intelligemment les frasques mélodramatiques du concept à une cinématographie moderne.
De plus, les loups-garous représentent enfin un réel danger, ils ne sont plus abattus comme de simples pigeons par des armes à feu.


Toujours aussi violent avec des membres tranchés dans tous les sens et des têtes, oui encore des têtes (il rend bien hommage aux deux autres opus sur ce point) toujours aussi originalement tranchées, arrachées, aplatis, perforées... en bref il y a du choix. Néanmoins, malgré les nombreuses opportunités de faire du sale dans les actions, l'histoire ce centre avant tout sur les relations entre les personnages, l'élevant au-dessus de ses prédécesseurs.


La bande-son de Paul Haslinger fait des merveilles, elle apporte beaucoup d'intention autour de la tragédie entourant Sonja, Viktor et Lucian.


Rhona Mitra incarne magnifiquement la fameuse Sonja fille de Viktor, et amour de Lucian, elle est le vecteur de cette guerre. La comédienne réussit à insuffler une vraie profondeur à son personnage le rendant passionnant, réussissant à nous faire effacer par la pertinence de son interprétation l'évocation de Kate Beckinsale. Elle possède à la fois des qualités indéniables de guerrières à l'épée dont un charisme fou qui en font une vampire puissante avec un fond séduisant et solide.


Les similarités entre Sonja et Selene sont subtiles. On comprend aisément que Viktor est épargné Selene car elle lui rappelait sa fille, c'est une évidence. C'est la base de l'intrigue de Selene l'héroïne des deux premiers films, ainsi que de la guerre avec une haine totale et absolu entre Lucian et Viktor. Pour ainsi dire Sonja est le personnage crucial et centrale du début de la guerre jusqu'à sa conclusion des siècles après.


Son relationnel avec son père Viktor et des plus touchants, la déchirure entre les deux est un moment dramatiquement saisissant.



-Comment oses-tu me menacer de ton épée !
-Je ne voulais pas en arriver là.
-Je suis ton père !!! ... Tu crois pouvoir vaincre ton père !
-Je ne cherche pas à vous vaincre.
-Ce n'est pas en me tuant que tu sauvera ton précieux Lycan.
-Rappelez vos hommes je vous en prie, par égard pour l'enfant que je porte. Un miracle, le fruit de nos deux espèces réunies.
-Quoi ! Je maudis le jour où ta mère a perdu la vie pour te mettre au monde. Cette chose qui est en toi est une monstruosité !



Le traitement de Lucian toujours incarné par Michael Sheen est superbement réussi, sa colère prend aux tripes. Les motivations de celui-ci s'avèrent crédibles jusqu'à la révolte des Lycans. On est dans une symbolique puissante sur un combat pour la liberté et l'amour. Le Spartacus de la nuit face à César.


Michael Sheen est vraiment stupéfiant dans cet opus, une rage frémissante se dégage de lui. On comprend finalement comment Lucian est devenu le premier Lycan de son espèce, différent de William Corvenus, car il peut reprendre forme humaine et conserver sa réflexion ainsi que ses émotions.



Nous sommes pas des animaux ! C'est ça que vous voulez ?! Être leur divertissement, leur passe-temps ! Leur petit chien ! Trembler devant le fouet ! Et ensuite vous empoigner et vous entre-tuer ! C'est ça que vous voulez !!! J'ai vécu selon leurs règles durant toute ma vie, je les ai protéger, admirer et pourquoi ? Pour être traité comme un animal ? Nous ne sommes pas des animaux ! Nous avons le choix ! Nous pouvons décidé d'être plus que ça ! Nous pouvons être des esclaves, ou nous pouvons être... des Lycans !!!



On pénètre dans le subconscient de Lucian révélant à quel point il est juste, honnête, courageux, puissant et torturé. Né esclave, malgré des années de servitudes traitée comme un animal il reste un loup-garou pourvu de chevaleresques croyances pour lesquelles il est prêt à lutter ardemment. Un puissant Lycan qui n'aura pas eu beaucoup de chance dans sa vie.


On découvre clairement pour la première fois son apparence en Lycan et il est superbe. Le mâle alpha absolu certainement supérieur à l'aura de William. Tant de découverte sur lui nous faisant totalement redécouvrir ce personnage changeant totalement la vision du premier film. À ce moment-là on est pris de colère devant sa mort méprisable par le vicieux et traître Kraven. Son but ultime aura au moins en partie réussi à savoir créé une race hybride entre les deux espèces afin de les réconcilier en ayant tué au passage les Aînés.


La relation entre Sonja et Lucian est parfaite, jamais dans le mélodrame facile, ce concentrant avant tout sur les conséquences d'une telle union. Leur duo offrant bon nombre de séquences cultes.


Parmi les séquences cultes, il y a la relation sexuelle entre Lucian et Sonja magnifiquement réaliser avec un superbe plan sur Lucian à moitié dans le vide les bras tendus Sonja le chevauchant avec une petite musique parfaite pour accompagner.
La mort de Sonja avec la consternation d'un Lucian impuissant en rage devant la mort de sa bien-aimée ainsi que la peine absolue de viktor se tenant à la rampe de son lit pleurant dans l'ombre la mort de sa fille qu'il a lui-même sacrifiée.
Le discours de Lucian aux autres esclaves afin de les motiver à devenir des rebelles et à s'échapper.
Enfin le duel final acharné entre Victor et Lucian, un ouragan de fureur et de férocité entre les deux hommes. Le paroxysme d'un acharnement frénétique où la fièvre de la rancœur alimentée par celle qu'ils aimaient tous les deux explose pour ne laisser place qu'au frisson ultime de leur confrontation.



-J'aurais dû t'écraser sous mon talon le jour où tu es venu au monde.
-Oui tu aurais.
... Slash...
-ARGH !!!
- Mais tu l'as pas fait.



Bill Nighy alias Viktor, bon sang j'ai rarement vu un antagoniste aussi complexe, travailler et interpréter, il est incroyable. Toujours aussi charismatique froid et cruel livrant tout de même une performance émotive hors du commun. Un personnage dramatiquement intense partager entre l'amour envers sa fille et ses responsabilités de roi vampire auprès de son assemblée.


Les nombreuses scènes épiques autour de lui sont édifiantes. Chaque fois qu'il est posé sur son trône on a droit à un magnifique plan, comme lorsqu'il boit du sang à la coupe par une nuit de tonnerre ou encore quand il joue son rôle du roi inflexible dans des rouages politiques absolument géniaux. La politique s'invite et elle le fait de bien belles manières on comprend le fonctionnement vampire ainsi que le rôle qu'ils ont joué auprès des humains. Tout tient parfaitement la route.



-Tu as sali ma fille lycan.
-Je l'aimais !
-Tu l'as tué !



Enfin je terminerai par le retour de Raze le bras droit de Lucian qui fait plaisir possédant une présence dont une voix terriblement forte. C'est le comédien Kevin Grevioux qui l'incarne, une personne importante à la création de la franchise Underworld en tant que scénariste et co-producteur.


Finalement deux ombres au tableau sont à notifier. Premièrement, sa trop courte durée en effet le film ne durant qu'à peine 1h30 certes superbement bien exploité aucune scène inutile ni temps mort à déplorer, mais bon un peu plus de durée n'aurait pas été de refus.


Deuxièmement son semi-échec au box-office, 3 fois son budget de remporté, c'est bien mais pas suffisant pour continuer l'aventure prequel. Car oui, initialement ce film devait avoir deux suites se déroulant dans les siècles passés censés se terminer sur la plus grande guerre ultime entre les vampires et les Lycans où les loups-garous finiront par perdre laissant Lucian faire croire à sa mort en faisant un pacte avec Kraven.


Quel gâchis j'aurais adoré voir ça !


CONCLUSION:


Underworld 3: Le soulèvement des Lycans est un théâtre d'horreur remarquable qui réussit malgré sa brièveté à développer une expérience d'opéra sanglante à la fois rustique et moderne alimentant parfaitement la saga, faisant office de socle robuste avec son histoire solide. Le soulèvement des loups-garous est une réussite et le traitement émotif autour de Viktor, Sonja et Lucian sont très fort, interprété par des acteurs qui se sont donné à fond. Un film d'une rare beauté pour son genre réalisé par un Patrick Tatopoulos investi et motivé qui transmet quelque chose de profond.



La quintessence des films sur les origines d'une saga, le meilleur Underworld.


B_Jérémy
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le 3 août 2019

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