Par goût du défi et l'envie de prolonger mon escapade bâloise ce film me paraissait un bon complément avec Tulpan et Heavenly Nomadic. Bon OK, on quitte l'Asie Centrale pour l'Islande, mais on retrouve tout de même un décor naturel spacieux, dépaysant et désertique. Ce sera d'ailleurs le seul et unique point commun avec ces deux films. Ce long métrage, réalisé par le suisse Felix Tissi, nous plonge dans univers absurde et déluré.
Les paysages lunaires offerts par l'Islande siéent parfaitement aux intentions du réalisateur. Nous suivons donc un balai de personnages qui se rencontrent de manière "hasardeuse". Un homme en costume venu sur l'île pour se suicider en paix. Un couple de métalleux qui tombe en panne de voiture. Une petite famille "parfaite" venue faire une traversée de l'île en randonnée. Le groupe consolidé va donc faire marche commune pour tenter de quitter ce lieu ce simili purgatoire. Au fur et à mesure de l'interminable traversée, la bande va se découvrir, les masques vont tomber, les relations vont se nouer et se dénouer, le tout dans une parfaite incohérence.
Amateur d'humour facile, gras et verbeux, passez votre chemin. La force du film c'est bel et bien de ne jamais nous tenir par la main. Felix Tissi utilise un mélange savoureux d'humour noir et d'autodérision en forte dose. Et pourtant, il ne vend absolument pas ses gags. Exit les ralentis, les regards appuyés d'une caméra pointant le sujet de la blague, les musiques qui s'arrêtent dans l'expectative d'un rire de la salle. NEIN ! En plus la plupart des effets comiques sont à retardement. Des choses anodines prennent parfois tout leurs sens bien après leur déroulement. On ne rit jamais à gorge déployée, mais on sourit en s'amusant du détachement constant des personnages. De l'humour helvétique qui n'est certainement pas au goût de tout le monde, mais personnellement, j'adhère et je trouve ça génial.
Revers de la médaille, la construction du récit rend son rythme très inégal. Par moment on s'ennuie ferme face aux répétitions et aux multiples dialogues téléphonés. De même, l'omniprésence de l'absurde rend les personnages finalement assez artificiels et déshumanisés. C'est dommage parce que le film semble jouer sur les deux tableaux. D'un côté il tente de donner de l'épaisseur au groupe, de l'autre il leur impute des comportements assez incohérents.
Welcome to Iceland, c'est un bon petit concentré d'humour helvétique qui marque par son univers atypique mais qui souffre de quelques défauts un peu dommageables. J'en garde tout de même un bon souvenir.